Conférence inaugurale explicative devant les Collèges de la Fédération des Syndicats Réunis, de l’Alliance Artistique Sociale, de la Ligue Patronale Nationale et de la Confédération Libre des Usagers
Thème de l’exposé : ‘Les deux sens de la rentabilité’1
Depuis la nuit des temps – et notamment, pour ce qui est de l’écriture, depuis Gutenberg2, dans le monde artistique, celui de la création de l’esprit qui nous intéresse ici, mais pas seulement, les choses se passent ainsi : il y a comme une sorte de tiercé. Perdant.
Il y a donc d’abord le premier élément du tiercé, indispensable et déterminant : le créateur,3 ou l’artiste. Lui, il créé le produit artistique, l’œuvre, disons. Un jour, il le sort de sa tête, comme ça. Parce qu’il en a tout simplement envie, ou parce qu’on le lui demande, ou parce qu’il a des achats à faire, ou qu’il a d’autres besoins, ou parce qu’il veut – ou se doit de – faire un geste social, ou politique, ou culturel, ou sportif, ou parce qu’il n’arrive pas à s’empêcher de faire autrement. Ce peut être un poème, une peinture, une chanson, un film, une sculpture, peu importe. Il fait cela absolument seul, dans sa cabane, en tandem, ou en très petit comité.4 Avec ça, une fois qu’il aura achevé son produit artistique, son rôle s’achève aussi. Sauf s’il se trouve dans la situation très particulière où, par son travail, il aura répondu à une commande bien précise de la part d’un tiers, eh bien l’œuvre qu’il vient de créer, il peut l’oublier dans un tiroir ou dans son grenier, et passer éventuellement à la suivante.
Erreur ! Parce que sur ce, vient le deuxième élément du tiercé : l’entremetteur, qu’on dit aussi l’intermédiaire. Suivant le type de création qui est en jeu, l’entremetteur peut être ce que l’on appelle un producteur, un éditeur, un agent, bref un commerçant, un acheteur qui par la suite deviendra vendeur. Car à moins qu’il ne veuille pas ranger son travail – comme on l’a vu, ou, même si cela ne le dérangerait pas, mais qu’il ne peut se le permettre, enfin, peu importe les motifs, à ce stade le créateur se doit d’attribuer à son œuvre un nouveau statut. De pure création propre à son esprit, il doit ainsi l’oblitérer du qualificatif d’article, en d’autres termes de marchandise. Partant de là, il est évident que la valeur transactionnelle du produit artistique ne peut être fixée autrement que par lui-même, par son créateur donc, ou par l’acheteur, ou au moyen d’une négociation plus ou moins ardue entre les deux parties. Toujours est-il qu’au bout de cette étape, la propriété du produit passe – intégralement ou partiellement, suivant les cas – des mains de son créateur, dans celles de cet acheteur-là. Vous remarquerez que si dite transaction a lieu après la conclusion du travail de création, pendant, ou même avant de le commencer, le principe reste inchangé : tout cela n’est qu’un simple détail d’organisation entre les parties.
Cette marchandise ayant ainsi changé de propriétaire, son sens change en conséquence, cela par l’apparition (dans ce processus) du troisième élément du tiercé : le client final, couramment appelé aussi le consommateur, plus rarement l’utilisateur ou l’usager. Quantitativement parlant, l’on observe en passant que d’habitude l’intermédiaire évoqué est une entité solitaire (comme d’ailleurs nous l’avons aussi vu pour le créateur lui-même), voire représentant un groupe d’action limité, alors que, tout à l’opposé, dans l’écrasante majorité des cas, ce client final-ci est non seulement multiple, mais il peut arriver qu’il constitue nécessairement la majeure partie de l’humanité. Nécessairement et aussi humainement, parce que de par la nature même de toute transaction opérée par l’homme, l’intermédiaire qui aura acquis un bien, a tout avantage de mettre à profit au maximum son acquisition, en distribuant le produit – c’est-à-dire en le vendant – sur la plus large échelle possible. Et l’on sait que souvent le but de tout commerçant intermédiaire et de faire en sorte pour transformer la majeure partie de l’humanité en cliente finale. Que l’objet de la transaction soit dans ce cas une production de l’esprit n’est ainsi plus relevant, à partir du moment où elle aura acquis ce statut de marchandise.
Bien. Mais alors pourquoi en fin de compte ce tiercé serait-il perdant ? Et, par ailleurs, en quoi ce genre de production serait-il différent – disons – d’une plaque de chocolat ou d’une paire de chaussures ? Patience. Il est tout à fait vrai qu’une œuvre artistique est destinée à (ou devrait) donner satisfaction qualitativement, comme la plaque de chocolat et la paire de chaussures. D’abord à son propre créateur, ensuite, en passant par l’intermédiaire, à l’utilisateur final, puisqu’il est également muni de raison et d’esprit. Voyons cela de plus près.
Vendues au client final, la plaque de chocolat et la paire de chaussures incluent dans leurs prix d’abord leurs composantes matérielles, ensuite l’effort humain (et dans certains cas mécanique), les deux indispensables à sa réalisation, auxquels s’ajoute un certain surplus permettant à la chaîne de production de couvrir ses coûts, comme d’évoluer. Aussi, le calcul du prix final est-il relativement simple et logique, et accessoirement l’on peut conclure sur la valeur ajoutée5 dégagée au cours de ce processus. Les composantes matérielles d’une création de l’esprit n’ont en revanche pas de valeur:6 on ne considère pas une sculpture d’après son poids, ou un roman d’après son épaisseur. Elle est créée ex nihilo, à partir de rien, si ce n’est au moyen des facultés mentales, de l’acquis intellectuel et de la sensibilité du créateur.7 Dans le monde que nous vivons, ceci est justement impossible pour le fabriquant de la plaque de chocolat ou de la paire de chaussures. Alors comment procède-t-on lorsqu’on se trouve devant un produit artistique fait à partir de rien, donc même pas de zéro ?
Pour simplifier, ce qui se pratique pour les besoins des transactions avec des produits de l’esprit, c’est de chiffrer – ou d’imaginer – la résonance que l’œuvre en question a, ou aurait, chez l’usager. Ceci vaut autant pour la première étape, où l’œuvre devient marchandise, que pour la seconde, lors de sa distribution dans le public. Sans égard aux natures radicalement différentes de ces deux univers, esprit et matière, nous voyons que les méthodes d’évaluation d’une création sensible et d’un produit physique se rejoignent ici en un point unique appelé rentabilité. Ce phénomène est possible uniquement parce que le créateur de l’œuvre artistique aura préalablement alloué à sa création un statut commercial négociable, une réalité marchande.
Cependant, encore une fois : de par leur nature même, ces deux plans ne peuvent coïncider en aucun de leurs points. Nous traitons ici – d’une part – du domaine matériel, brut, et – d’autre part – de celui sensible de l’esprit. Dans ce cas, comme nous l’avons vu, il s’agit plus particulièrement de son volet purement émotionnel, seul paramètre possible et couramment utilisé pour chiffrer ou estimer la valeur d’une telle création. Alors rapprochons-nous encore une fois et observons quelques créations significatives: ‹Des souris et des hommes›,8 ‹Le cri›,9 ‹Still loving you›,10 ‹Forrest Gump›,11 ‹La Grande Arche de la Défense›,12 ‹Les bas-fonds›,13 ‹L’oiseau dans l’espace›14. Les explications sont superflues : chacune de ces œuvres est à juste titre suffisamment fameuse de par sa force d’évocation et sa clarté suggestive. Entre autres. Chaque auteur l’imprègne de sa vision et de son esprit, et l’accompagne d’un certain message. Vision, esprit et message prennent ensuite le chemin immatériel du client final.
Une fois atteint l’univers sensible de ce dernier, les trois vecteurs évoqués – la vision, l’esprit et le message – sont censés engendrer un ensemble de réponses intérieures qui leur sont identiques, ou au moins apparentées. Au travers et au gré de ses ressources émotionnelles, de sa capacité à vibrer, le consommateur réagit plus ou moins à ces stimuli. Nous touchons ici au cœur même de l’exposé. Car en fin de compte et fondamentalement parlant, les réactions de l’usager ne sont en rien structurellement différentes de celles qui sont suscitées par une foule de manifestations naturelles et humaines qui ont lieu directement, sans intermédiaire donc. Rappelons-nous au hasard, sans prétendre à aucun classement sur l’échelle de l’émotion : la tendresse, une tornade, une injustice, un ciel étoilé, une menace, une coccinelle escaladant une goutte de rosée sur la feuille d’un nénuphar, un deuil, l’envie, une clairière fleurie, une récompense, un baobab solitaire au milieu d’une prairie, une déception, un lever de soleil, une crainte, une mer plate, la pitié, un arc-en-ciel, la jalousie, un tremblement de terre, l’indifférence, la colère, etc…
Dans les rapports réciproques entre les hommes, comme dans ceux entre les hommes et la nature, ces manifestations émanent du – et touchent le – côté émotionnel, celui-là même qui nous fait vibrer au contact avec une œuvre d’art, une création artistique. Pensons-y bien. Rien ne différencie – attention ! fondamentalement et structurellement – ces deux situations. Si l’on est ému jusqu’aux larmes en lisant l’histoire de ‹La petite fille aux allumettes›,15 on le serait tout autant, sinon davantage, en découvrant ce 29 janvier 2015 dans un quartier de Toronto (Canada), le corps recroquevillé et sans vie du petit Elijah Marsh, 3 ans, sorti faire tout seul le tour de son pâté de maisons par un froid de canard, muni rien que d’une couche, d’un T-shirt et de ses chaussures.16 Si l’on trouve l’art du peintre hollandais Vincent Van Gogh exaltant, contempler un champ de blé au mois de juillet sous le vent et le soleil, et admirer son tableau ‹Champ de blé aux corbeaux›,17 produirait le même genre émotion. Celui qui serait glacé d’horreur par la métamorphose satanique de Regan MacNeil,18 on pourrait se dire qu’il en serait de même s’il se réveillait au milieu d’un glissement de terrain emportant sa maison. Enfin, quelqu’un serait frappé tout autant par le déferlement de fureur d’un prochain que par le formidable assaut du ‹Dies irӕ›.19
En conclusion, ces deux types distincts de relations, qui déclenchent des phénomènes émotionnels identiques, sont différentes en un seul point, artificiel et technique: l’une est parfaitement directe, d’homme à homme et de la nature à l’homme; l’autre a nécessairement lieu par l’intermédiaire d’un objet fait par un tiers – son créateur, qui, dans ce but, l’aura préalablement transformé en produit, en autorisant du coup son entrée dans le circuit de l’échange. Comme nous l’avons vu, cette mutation est implicitement liée à l’existence d’un entremetteur. Et cette unique différence entraîne aussi une autre : le coût, ou le prix, puisque ipso facto le produit en question est assorti d’une certaine valeur marchande. Résultat contradictoire : alors que ce rapport sensible d’homme à homme et de la nature à l’homme a lieu librement, sans contrepartie pécuniaire donc, le même rapport sensible entre l’homme et cette fois la création artistique est soumis au monnayage.20
Nous sommes arrivés à présent au stade où nous pouvons identifier le tiercé perdant. En fait, deux tiers – et non pas trois – composent ce tiercé, chacun d’eux étant perdant pour des raisons qui lui sont propres. Conceptuellement parlant, perdant est l’homme de l’art, qui au cours du processus de création doit tenir compte de – et passer par – un commerçant entremetteur pour faire connaître son œuvre aux plus nombreux. Financièrement parlant, perdant est le client final, le consommateur, en un mot : le public, qui doit payer21 pour pouvoir recevoir en échange et vivre une émotion au contact de cette œuvre, contact qui est soit occasionnel et unique, soit répétitif, soit plus ou moins définitif par l’acquisition de l’œuvre.
Cette procédure s’est profilée à l’aube de la Renaissance, soit quelques huit siècles en arrière, lorsque l’art profane a commencé à se détacher de l’art sacré. Évidemment, c’est difficile d’accepter aujourd’hui qu’en réalité elle constitue une altération durablement incrustée dans la société. D’autant plus qu’elle met en évidence aussi un tiercé gagnant. Financièrement parlant, gagnant peut être d’une part et dans certains cas l’homme de l’art22 même, qui vit confortablement par la vente de son œuvre,23 et d’autre part l’entremetteur, qui vit confortablement par le commerce qu’il en fait. Intellectuellement ou culturellement parlant, gagnant peut être le client final, le consommateur, en un mot le public, qui accède ainsi à la connaissance de l’œuvre, chose inexistante huit siècles en arrière. Pour le surplus, lorsqu’on prend en compte le poids économique atteint – ne serait-ce-qu’en termes financiers et sociaux – par les industries du spectacle, des ars graphiques et de la musique, qui n’existent qu’au travers de cette procédure, la remettre en question s’avère encore moins évident et encore plus difficile.
Il n’empêche que, fondamentalement parlant, le degré de liberté créatrice, la sincérité (ou la pureté) de l’acte artistique dans le domaine profane sont influençables, donc influencées, soumises au prix et monnayées, alors que par définition la sincérité (ou la pureté) de l’acte créateur dans l’art sacré est en dehors du domaine de l’influençable,24 est non monnayable, et reste ainsi hors prix. Il s’agit d’une différence primordiale, de substance. Le créateur artistique profane qui ne suit pas cette procédure altérée, s’affranchit tacitement des influences inéluctables qui affectent l’authenticité de son œuvre et peut ainsi la préserver du tiers toujours gagnant qu’est l’entremetteur, tout en acceptant de restreindre de manière drastique la connaissance de son art par le public. Là est l’autre sens de la rentabilité, créatrice.
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Passé, le temps de la révolution industrielle, celui du colonialisme et même celui de la globalisation. L’essor de l’écologie, la prise de conscience grandissante de l’homme concernant sa place sur cette Terre et dans l’Univers, la poussée du développement durable, la requalification des rapports inter-humains, sont autant d’éléments importants et récents, et autant de signaux encourageants sur le fait que rien dans la sphère humaine n’est irréversible. Il est en revanche probablement très peu vraisemblable qu’un phénomène créateur généralisé tel qu’exposé ici – de retour à la source, de remise en ordre, de revue des valeurs – puisse aussi voir le jour à grande échelle. Et pourtant, rien n’empêche d’adapter l’enseignement de Térence:25
‘Nihil quod est homo est impossibile.’26
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(Relatif à la note 14.) Le célèbre cas de cette œuvre est particulièrement intéressant sous l’angle traité ici. En octobre 1926, ‹Oiseau dans l’espace› et 19 autres sculptures de Constantin Brâncuși arrivent à New York à bord du navire Paris2. En théorie, les œuvres d’art ne sont pas sujets aux droits de douane, mais les douaniers refusent de croire que l’objet de bronze effilé en est une. Ils lui imposent donc le tarif douanier pour les objets en métal manufacturés : 40 % du prix de vente, soit environ 230 $ (un peu plus de 3000 en dollars d’aujourd’hui). L’artiste Marcel Duchamp, qui accompagne les sculptures depuis l’Europe, le photographe américain Edward Steichen, qui doit prendre possession de la sculpture après son exposition, et Brâncuşi lui-même protestent : les sculptures doivent apparaître à la Brummer Gallery de New York et ensuite à l’Arts Club de Chicago. Sous la pression de la presse et des artistes, les douanes américaines acceptent de revoir leur classement, mais en attendant libèrent les œuvres sous la mention « ustensiles de cuisine et matériels hospitaliers ». Cependant, l’expert douanier F. J. H. Kracke, après consultation d’artistes américains sceptiques, finit par confirmer le classement initial et déclare que les œuvres sont sujet aux droits de douane. Le mois suivant, Steichen fait appel de la décision. Sous le régime de la loi douanière de 1922, pour que ‹Oiseau dans l’espace› puisse passer la douane sans droits, il doit s’agit d’une œuvre originale, dépourvue d’un but pratique et réalisée par un sculpteur professionnel. Personne ne conteste que l’objet n’a aucun but pratique, mais la qualification d’art de la sculpture est fortement contestée. Le cas de 1916 ‹United States vs Olivotti› avait établi que les sculptures ne sont de l’art que s’il s’agit de représentations gravées ou ciselées d’objets naturels « dans leurs vraies proportions ». Une succession d’artistes et d’experts d’art témoignent dans le sens de la défense, tandis que les plaignants se concentrent sur la définition de l’art et de qui décide de ce qu’est l’art. La déclaration sous serment de Brâncuşi au consulat américain explique le processus de création de l’objet, établissant son originalité. Malgré les opinions contradictoires présentées à la cour, les juges Young et Waite se déclarent en novembre 1928 en faveur de l’artiste. Selon leur conclusion: ‘ L’objet considéré (…) est symétrique et beau dans sa forme, et bien que l’on puisse avoir quelque difficulté à l’associer à un oiseau, il est néanmoins plaisant et très ornemental et, comme nous tenons la preuve que c’est la production originale d’un sculpteur professionnel et que c’est en fait une sculpture et une œuvre d’art selon les autorités auxquelles nous avons référé ci-avant, nous soutenons la réclamation et trouvons qu’il a le droit d’entrer sans payer de droits. ‘ Il s’est agi de la première décision de justice américaine qui ait accepté la sculpture non représentative comme art. (https://fr.wikipedia.org/wiki/Oiseau_dans_l%27espace)
[11 décembre 2015]
- Caractéristique d’un investissement de dégager un résultat ou un gain exprimé en monnaie. (d’après le Dictionnaire Larousse de français)
- Johannes Gensfleisch zur Laden zum Gutenberg, dit Gutenberg (1400-1466) : imprimeur allemand qui inventa les caractères métalliques mobiles.
- Par simplicité et aucunement par préférence, est utilisé ici le genre masculin.
- À ne pas confondre le(s) créateur(s) à proprement parler avec, dans certains cas (théâtre, musique, cinéma, ballet), les innombrables personnes qui contribuent à mettre en pratique l’œuvre respective, chacun en fonction de ses aptitudes.
- Différence entre la valeur des produits consommés par une entreprise au cours de son processus de production dans une période donnée et la valeur finale de sa production pour cette période. (Dictionnaire Larousse de français)
- Des critères d’appréciation réservés au travail artistique (par exemple la pure notoriété du créateur ou certaines particularités de l’œuvre) ne sont expressément considérés dans cette section du texte, qui a un but uniquement comparatif. Par ailleurs, ces critères obéissent le plus souvent à des intérêts d’investissement spéculatif.
- Par rapport à la définition ci-dessus, en omettant volontairement le temps qu’un auteur veut bien consacrer à la réalisation de son œuvre, on observe que la valeur ajoutée d’une création artistique frise l’infini.
- Roman de l’écrivain américain John Steinbeck, 1937.
- Tableau du peintre norvégien Edvard Munch, 1893.
- Chanson du groupe de hard rock allemand ‹Scorpions›, 1984.
- Film du metteur en scène américain Robert Zemeckis, 1986.
- Bâtiment de l’architecte danois Johan Otto von Spreckelsen, 1989.
- Pièce de théâtre de l’écrivain russe Maxime Gorki, 1901.
- Bronze du sculpteur roumain Constantin Brâncuși, 1926. (voir aussi la note en fin de texte)
- Conte de 1845 par l’écrivain danois Hans-Christian Andersen, racontant l’histoire d’une fillette qui vend des allumettes aux passants. Elle cherche à se réchauffer en les brûlant, mais meurt de froid dans la nuit du Jour de l’An après avoir eu des visions ineffables, dont celle du seul être humain qui l’ait jamais aimée, sa grand-mère morte récemment. (https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Petite_Fille_aux_allumettes)
- Paris Match› du 21 février 2015.
- 1890, Musée Van Gogh, Amsterdam.
- Dans le film américain ‹The Exorcist› (1973) de William Friedkin.
- Premier mouvement de la troisième partie (Sequentia) du ‹Requiem en ré mineur› KV 626 (1791) du compositeur autrichien Wolfgang Amadeus Mozart.
- Notons au passage qu’un objet pratique manufacturé n’est pas en mesure de susciter ce genre d’émotions. Le sujet, controversé (par exemple en raison de l’engouement déferlant enregistré pratiquement à chaque lancement d’une nouvelle version d’iPhone), ferait l’objet d’une réflexion qui se situe en dehors du cadre de ce texte.
- Monnaie à part, cela peut partir à 10 pour un billet d’exposition, monter à 20 pour un livre, 200 pour le billet à un concert, et finir à 200’000’000 pour un tableau.
- Ou tout autre individu qui contribue à l’accomplissement de l’œuvre. (revoir la note 4)
- Chaque domaine de l’art contemporain compte des pointes en ce sens : la romancière britannique Joanne K. Rowling, le rappeur américain Curtis James Jackson III (dit ‹50 cent›), le peintre allemand Gerhard Richter, entre autres.
- Il est volontairement fait abstraction ici du volet lié à la source inspiration, ou à l’origine (voire à la motivation) de l’acte créateur, comme d’ailleurs, par conséquent, au rôle, ou à la qualité de celui qui l’accomplit. Dans l’art profane, celui-ci est nommé auteur, tandis que dans l’art sacré la personne en question se considère le plus souvent un simple exécutant chargé de transmettre un message, ou de remplir une mission de nature supérieure. Observons aussi que dans ce cas, la notion même de liberté créatrice est pratiquement caduque, car le phénomène qui génère l’acte créateur est d’une nature complètement différente.
- Publius Terentius Afer, dramaturge latin (190-159 av. J.C.) Le vers référé est ‘Homo sum, humani nihil a me alienum puto’ (en ‘Heautontimoroumenos’),‘Je suis un homme ; je considère que rien de ce qui est humain ne m’est étranger’.
- Rien de ce qui est humain n’est impossible.