Catastrophe cycliste

Catégorie: Essais
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Ce matin j’ai décou­vert à la page des faits divers de mon quo­ti­dien détes­té un article qui m’a rem­pli d’effroi. Je le repro­duis ici.


Lau­sanne, 30 octobre 2024


Hier vers midi, à l’intersection entre les ave­nues de la Gare et Juste-Oli­vier, s’est pro­duit un ter­rible acci­dent qui s’est sol­dé avec cinq morts ! Le temps était beau après la pluie qui venait de cesser.

Au moyen des camé­ras de sur­veillance du tra­fic, la police a pu recons­ti­tuer le dérou­le­ment des faits.

Un cycliste (no 1, en bleu sur l’infographie) déva­lant l’Avenue Geor­gette en direc­tion du gira­toire de Mont­choi­si, a heur­té de plein fouet un autre cycliste (no 2, en vert) qui remon­tait l’Avenue de la Gare et venait de tour­ner sur l’Avenue Juste-Oli­vier dans la même direc­tion que le pré­cé­dent. Au même ins­tant, une per­sonne en chaise rou­lante (en rouge) s’était enga­gé sur le pas­sage pour pié­tons de l’Avenue Juste-Oli­vier pour atteindre le trot­toir de la synagogue.

Au moment du sinistre, la situa­tion des aver­tis­seurs lumi­neux était la sui­vante: les feux pour pié­tons étaient au vert sur l’avenue Juste-Oli­vier, tout comme sur l’Avenue de la Gare, avec cli­gno­tant orange pour les véhi­cules tour­nant à droite. Pour le sur­plus et par chance, aucune voi­ture ne rou­lait en ce moment pré­cis vers la rue Belle-Fontaine.

Le film montre que le cycliste no 1 n’a pas res­pec­té l’arrêt (au rouge) de l’avenue Geor­gette spé­ci­fi­que­ment dédié aux deux roues et ensuite qu’il a tra­ver­sé le car­re­four en lou­voyant à une vitesse de 52 km/h, pour – juste avant l’événement – lever la main droite en regar­dant son smart­phone. Le cycliste no 2 condui­sait dans son vélo-car­go ses deux jumeaux.

Exac­te­ment 0.273 secondes avant l’impact n° 1, à une dis­tance d’environ 3.48 m du cycliste n° 2, le cycliste n° 1 a aper­çu avec sa vision péri­phé­rique le vélo-car­go du cycliste n° 2 devant lui. À cette seconde-là, sa vitesse étant de 53.6 km/h, il a aus­si­tôt lâché son smart­phone et action­né ins­tan­ta­né­ment les freins avant et arrière. Comme le revê­te­ment était encore glis­sant, par ce frei­nage violent il a per­du l’équilibre tout en culbu­tant dans l’air, ce qui l’a pro­je­té le dos contre le réver­bère ins­tal­lé à cet endroit-là, alors que son vélo heur­ta le cycliste n° 2 aus­si dans le dos.

À par­tir de là, le ralen­ti du film montre clai­re­ment que le cycliste n° 1 s’est écra­sé contre le sol, au bas du réver­bère. Le cycliste n° 2 tom­ba lour­de­ment à côté, avec son vélo-car­go, le cou contre la bor­dure du trot­toir. Les deux enfants jaillirent de leurs places et vinrent buter, l’un après l’autre, contre la per­sonne para­plé­gique, qui avait déjà par­cou­ru presque la moi­tié du pas­sage pour pié­tons. Le choc des enfants la jeta sur la chaus­sée, où 0.836 secondes plus tard la chaise lui tom­ba dessus. 

L’’événement, d’une extrême vio­lence, se dérou­la pen­dant 3.81 secondes. L’issue de la catas­trophe fut épouvantable.

Le cycliste no 1, Fabien G., 22 ans, de Cugy, auteur de l’enchaînement d’événements, est mort sur les lieux, suite à la frac­ture de la colonne ver­té­brale, sans qu’une contra­ven­tion ne lui soit dres­sée pour non-res­pect aggra­vé de la signa­li­sa­tion routière.

Le cycliste no 2, Yves-Alain M., 39 ans, de Saint-Sul­pice, est mort sur le coup par l’éclatement de la caro­tide interne gauche.

Brian, 3 ans, de Saint-Sul­pice, est mort d’hémorragie céré­brale à l’hôpital.

Igor, 3 ans, de Saint-Sul­pice, est mort dans l’ambulance suite à la per­fo­ra­tion des pou­mons par une manche de la chaise roulante.

Syl­vie T., 53 ans, de Lau­sanne, para­plé­gique, est morte d’un arrêt car­diaque après réanimation.

Cinq vies fau­chées d’un coup en une infime frac­tion de temps. Le bilan ter­rible de ce drame est là pour rap­pe­ler encore et tou­jours l’importance de res­pec­ter les règles les plus élé­men­taire de circulation.

(Phi­lippe Tes­taz, avec les agences)”

[30 octobre 2024]

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