« En révolution, le premier de tous les principes
est de diriger le mal qu’on ne saurait empêcher’ »
(Honoré de Balzac, 1799 – 1850)
[…]
Alors franchement, cette cause des minorités, quel gâchis incalculable !…
Le travail
« Le travail éloigne de nous trois grands maux : l’ennui, le vice et le besoin. »
(Voltaire, 1694 – 1778, ‹ Candide ou l’optimisme › Cramer, 1759,
Longtemps, le sens du mot fut lié à la notion de peine, ou de souffrance. Vision passéiste que tout cela ! Depuis près de deux siècles, on s’applique à rendre le travail de moins en moins pénible et de plus en plus commode. J’avoue qu’il serait quand même exagéré d’en vouloir à cette tendance. Pour autant que le résultat soit au rendez-vous, ou que le but soit atteint. En revanche, depuis peu, à nos risques et périls, consciemment ou non (qui pourrait le certifier ?), c’est le travail même que nous nous occupons à éloigner de nous. De multiples façons, par différentes voies, systématiquement. En passant, relevons là une première victoire de l’hedonêos (l’homme hédoniste) et de l’homo ludens (l’homme joueur) sur l’homo faber (l’homme créateur). En fait, un certain courage a depuis toujours fait partie de tout acte en soi. Aujourd’hui, la dilution progressive de la responsabilité amorce cet éloignement. Comme conséquence, ce phénomène modifie d’un coup tout un versant des relations humaines. D’une part, à l’intérieur du processus du travail déjà, il y a d’abord désertion à tous les échelons. Dans le cas d’une équipe pluridisciplinaire, s’il y a erreur, manquement ou confusion, le coupable est le partenaire, dans celui d’un collectif unitaire et stable, le collègue, voir (cas plus classique, plus facile mais plus abject aussi) le subalterne. Surtout, jamais moi. Ensuite, c’est le report des compétences, entendez le recours (devenu routinier) à l’expert et au conseiller, ces spécialistes plus qualifiés que tous, payés très cher et dont on ne peut ni veut se séparer, aussi vain soit leur apport.1 D’autre part, au cours du processus de valorisation vers l’extérieur du produit du travail, d’abord les rôles sont souvent inversés. Il n’est ainsi pas rare de voir le client se tasser devant le marchand. Ensuite, il y a la conjoncture, les aléas, les situations impersonnelles et diffuses. Aussi, la cause d’un retard est – au choix et selon les circonstances – la météo, un accident, une grève, une panne, l’indisponibilité (pour cause de maladie) d’un collaborateur, la défaillance d’un moyen de transport, etc. À tel point qu’aujourd’hui, le bon déroulement d’une activité et sa bonne finalité appartiennent à la catégorie des manifestations révolues. Ou des miracles. Quant à ce que nous réserve l’avenir, rien ne préfigure l’arrêt de ce processus d’auto-déresponsabilisation personnelle. Au contraire, tout laisse à penser qu’il s’accentuera. Et si c’était au profit de l’intelligence artificielle ? Mais peu importe ! Quand la dilution de la responsabilité aura bien mûri, rien ne sera plus comme avant, et le travail sera derrière. Et tant pis pour Jules Renard qui clamait que…
‘…le travail pense, la paresse songe.’
Internet
iDVD+iMovie+iPhoto+iTunes = iLife
i comme internet. Sincèrement, je ne vois pas quelle autre révolution plus importante l’humanité aura connue dans l’histoire. D’accord, je vais probablement un peu trop vite en besogne. Néanmoins, faire le compte me semble valoir la peine. Mais d’abord, et en ce sens, qu’est-ce qu’une révolution ? Quelque chose qui change durablement tout. Or, des révolutions techniques comparables je n’en vois qu’une : celle de l’électricité. À partir des premiers balbutiements axés sur la question et jusqu’à la toute première application majeure de ses principes, 180 ans passèrent. Cela dit, lorsqu’un fabricant de software et de hardware réunit quatre logiciels en assimilant le nom de ce groupage à la notion même de vie (voir le texte en exergue ci-dessus), c’est que cela a l’air de devenir sérieux. L’existence serait ainsi une espèce de concentré d’audition musicale, de photos numériques, de montage vidéo et de stockage de données. Il n’en est rien, bien sûr, car pour l’instant ce n’est là qu’un moyen de marketing. Mais il n’en reste pas moins qu’internet pourra devenir bientôt le creuset de tout un tas d’ingrédients représentant la quintessence d’une nouvelle forme de vie humaine, de plus en plus impersonnelle et numérique, abstraite et virtuelle, codée et solitaire. Et qui primera peut-être sur la forme actuelle. Pourtant, pour reprendre Lénine qui disait que le communisme n’est pas plus sorcier que simplement ‘le pouvoir des Soviets plus l’électrification (encore elle !) de tout le pays’, internet n’est “que“ (sic !) la puissance des ordinateurs plus les télécommunications à l’échelle de la planète. Ça n’a pas l’air si terrible, mais tout en n’oubliant pas que l’électricité a demandé bien plus de deux siècles pour s’installer solidement dans notre quotidien, nous observons qu’en vingt ans la puissance des ordinateurs a été multipliée par 1 000 et l’étendue du réseau par 200 000. Aussi, je crois que, s’agissant d’internet, entre routine, confort, facilité, isolement, performance, tentation, jeu, criminalité, besoin et savoir, à partir de maintenant les hommes sont exposés à l’une des plus dures épreuves existentielles qu’il furent jamais amenés à connaître.
Mais Dieu leur a tout de même laissé la liberté du choix, n’est-ce pas ?
L’enseignement
Étudier ? Apprendre ? Mais pourqui faire ?!
Steve Jobs a commencé à 20 ans dans un garage et voilà ce qu’il est devenu !
Aussi loin que je me souvienne, ma vision sur la qualité des différents systèmes d’enseignement établis fut, je dirais, assez particulière. De surcroît, cette vision étant pas mal imagée (probablement à cause d’une déformation professionnelle), avec le temps je n’ai pu m’empêcher de lui flanquer même un graphique, celui de gauche, comme pour mieux la représenter. C’est ainsi ! Pourtant, je viens de réviser mon dessin : il ne reflète plus l’actualité. Le résultat est le dessin de droite. Un puissant mouvement de nivellement de la connaissance par le bas s’empare des systèmes européens, à l’Est comme à l’Ouest, telle une ample lame de fond qui gronde sur son chemin. En roulant, elle entraîne des masses énormes. Et quand elle frappe, elle n’épargne rien ni personne. Une fois passée, il ne reste que le désert – celui du savoir, voyons, et cet amas d’organismes anthropomorphes prêts pour une longue carrière d’électeurs disciplinés et de sages consommateurs. Cette hydre de la médiocrisation est tricéphale. Elle aplatit le degré de connaissance. Malheur à ceux qui aspirent. Elle inculque l’égalitarisme artificiel. Malheur aux doués. Elle fissure les familles. Malheur à nous. Mais la nouvelle école va encore au-delà de tout ça. Son credo chamboule les acquis professionnels des enseignants. Dans ces conditions, malheur à leur lucidité. Et aussi à leurs acquis pédagogiques. Et à leur autorité, ou à ce qu’il en reste. Elle brouille le système classique d’évaluation, simple et clair. Malheur à tout le monde, car plus personne ne s’y retrouve. Enfin, l’horaire journalier qu’elle inflige écrase l’enfance. Malheur aux enfants. C’est ainsi que l’école prépare les futurs usagers, ceux-là mêmes qui, à la fin du gymnase, croient qu’une walkyrie est un vieux modèle particulier de walkman et ne reconnaissent pas le plus grand pays du monde sur un planisphère. Alors, que les enseignements primaire et secondaire nord-américains soient notoirement nuls, passe encore. De toute manière, on s’y était habitué. Et puis, ne l’oublions quand même pas : là-bas, ce handicap est comblé aussitôt, il n’y a qu’à regarder mes graphiques ! Mais que le cycle général européen rejoigne le plancher de son pendant nord-américain, sans que pour autant l’instruction supérieure atteigne le plafond où l’autre se situe depuis des lustres, c’est ça qui fait vraiment mal. Quant à ce bouleversement au potentiel encore difficilement envisageable aujourd’hui, il ne resterait qu’à découvrir qui a pu en avoir l’idée. Comment. Quand. Mais, surtout, pourquoi.
Là est toute la question. Et qui saurait la bonne réponse sinon son initiateur ? Ah, si au moins j’avais pu faire partie du cercle de ces initiés !
La foi
« Le XXIe siècle sera spirituel ou ne sera pas. »
Il y a, comme ça, des pensées qui vous marquent toute une époque. Ce fut le cas de ces mots lâchés par André Malraux (ou bien par Paul Claudel ?). Gloire méritée, car la formule avait de la tenue. Par son prophétisme, elle avait aussi de quoi interpeller, bien qu’elle laissât en suspens la question des temps à venir et contînt une vision hardie très immédiate de la fin du monde. C’est probablement ce qui lui valut d’être galvaudée par un emploi à toutes les sauces. Cependant, en observant les choses à l’aube du nouveau millénaire, on pourrait dire que Malraux rata l’alternative envisagée. Tandis qu’une deuxième lui échappa. Regardons de plus près. Observation n° 1 : je ne vois pas les signes avant-coureurs d’un revirement religieux symptomatique. Évidemment, les pèlerinages de Saint-Jacques-de-Compostelle et de Lourdes, les rencontres de Taizé, les Journées mondiales de la jeunesse attestent une dévotion indiscutable, mais ils ne datent pas d’aujourd’hui, certains même pas d’hier. De plus, leur portée est limitée à une population certes assez large, mais néanmoins bien déterminée. En clair, ces appréciables actes de foi ne sont – hélas ! – pas suffisants pour ébranler cette autre réalité, pour le moins aussi incontestable, d’un monde (chrétien occidental, mais oriental aussi) dont l’esprit religieux dans lequel il fut immergé durant des siècles a cessé d’être le moule. Observation n° 2 : si, nonobstant mes réserves quant au potentiel réellement prémonitoire des propos cités, la fin du monde est pour bientôt, je lui en vois actuellement d’autres causes, plus saisissantes que le recul de la foi. En effet, d’autres phénomènes, sans connotation religieuse directe, pourraient bientôt provoquer la perte de l’homme. Tiens, par exemple l’accès de plus en plus inégal au savoir et au bien-être (si ce n’est carrément à une vie digne, voire même à la vie tout simplement) reconverti par les plus mal lotis en désespoir, dans un monde que la circulation de l’information rend de plus en plus transparent. Et aussi les rapports téméraires de l’homme soit avec la Terre et sa nature (à travers les questions énergétiques, de l’eau, des forêts, du sol, qui forment l’environnement connexe), soit avec l’Espace (à travers la question de l’effet de serre ou de la couche d’ozone, c’est-à-dire l’environnement intégral). Enfin, la question démographique. Observation n° 3 : il est tout à fait possible que le XXIe siècle soit bien religieux, mais apparemment dans un tout autre registre. Ontologiquement doué – comme nous l’avons vu – de la liberté du choix, l’homme entend désormais prolonger cet avantage à l’extrême. Dès lors, il affirme de plus en plus posséder, cultiver et invoquer son propre Dieu. Ou plutôt dieu. (Par ailleurs, selon le Département du commerce des États-Unis, 91 % des Américains se déclarent adeptes d’une religion.) Dès lors, certains vont même jusqu’à se revendiquer de la famille du Créateur. En réalité, cet affranchissement va de pair justement avec la dilution de la foi, qui dévoile simultanément une perte de repères. Jusqu’à il n’y a pas si longtemps, l’Église et la société éliminaient les hérétiques. C’était incontestablement violent, sûrement cruel, mais c’était au moins radical dans l’idée de préserver une certaine santé spirituelle et mentale de la société, ainsi qu’une certaine cohésion. Aujourd’hui, tout en les désavouant, l’Église est réduite à la portion congrue, tandis que la communauté accepte pratiquement toutes les hérésies, voire les encourage au nom de la richesse impliquée par la diversité. C’est là une attitude sûrement plus douce, nettement plus indulgente, mais on lui doit aussi la formidable déroute spirituelle et mentale actuelle. Par exemple, elle donne au révérend Sun Myung Moon, chef de l’Église de l’Unification, la possibilité prodigieuse de célébrer, du haut des gradins et en simultanée, des milliers de mariages dans le même stade.
Impressionnant, le chemin parcouru par la société depuis le temps où le simple fait de pouvoir embrasser la carrière ecclésiale était un privilège !
Les loisirs
‘Être capable d’occuper intelligemment ses loisirs, tel est l’ultime produit de la civilisation.’
(Bertrand Russell, 1872 – 1970, ‹ La conquête du bonheur ›, Payot, 2001)
D’un côté, la théologie dit qu’au début de tout Dieu travailla six jours pour créer le monde et que, le septième, fatigué mais satisfait, il se reposa. Les Écritures ne précisent pas son emploi du temps ce jour-là, et c’est dommage. J’y reviendrai. Depuis, toujours est-il que les prophètes et autres patriarches suivirent tel quel l’exemple de Dieu. De l’autre côté, l’évolutionnisme fait savoir que, vraisemblablement déjà au début du pliocène avec l’australopithecus annamensis (-5 millions d’années), les ancêtres de l’homme se sont crevés à la tâche sept jours sur sept, ne serait-ce que pour échapper aux prédateurs.2
Comme les indices sont rares et peu concluants en ce sens, on admettra le bénéfice du doute. Mais dans un cas comme dans l’autre, une chose est claire : à l’époque, l’activité primait sur le repos ou les loisirs qui en découlèrent. (Composante du passe-temps, lui-même produit du repos, les loisirs se rangèrent aux côtés de la contemplation et de la méditation. Font exception l’arbitrage sportif, l’activité des croupiers, des forains et quelques autres occupations lucratives liées au divertissement.) Mais pour revenir à Dieu, c’est dommage pour deux raisons : si tel avait été le cas, nous aurions pu nous en inspirer durablement pour passer comme il se doit le septième jour de la semaine ; et aussi nous aurions pu savoir comment Il avait préparé la semaine suivante. Dans ces conditions, les vieux admirent que Dieu s’était simplement reposé de Son labeur et décrétèrent que le septième jour ne devait être rien d’autre qu’un jour de repos, ou jour chômé. Par la même occasion, ils décidèrent d’en faire un saint jour. La filiation des australopithèques suivit une autre voie – celle du besoin, qui ne connaît pas le repos. Ainsi, les siècles s’écoulèrent et nous voilà droit devant l’homo unicus (l’homme uni, vers +0.0018), créateur des premières trade-unions, appelées syndicats dans les pays latins. C’est lui l’élément charnière qui généra le spécimen exponentiellement multiplié ces derniers temps : l’homo ludens (l’homme joueur, +0.0020). Le but de l’homme qui joue est triple : tout en maintenant son revenu, il vise à travailler moins pour se reposer (ou jouer) plus. Certains pays sont actuellement en bonne voie dans ce processus : on y travaille généralement 35, voire 32 heures par semaine. Cela fait 4 jours sur 7, soit, à raison de 8 heures par jour, 19 % sur la semaine, pourcentage qui tombe à moins de 14 % sur l’année, en tenant compte des vacances et des jours fériés. C’est-à-dire 1 jour sur 7. À la surprise générale donc, là où, à l’intérieur du temps divin, Dieu aura peiné 6 fois plus qu’il ne se serait reposé, l’homme tend aujourd’hui à réussir l’exploit d’inverser le rapport, en se reposant 6 fois plus qu’il ne travaille ! Pour prodigieux qu’il soit, ce résultat soulève néanmoins une question d’une autre nature : la méditation accaparant de moins en moins l’intérêt de l’homme et la contemplation ayant pratiquement disparu de ses préoccupations,
quel niveau devra atteindre le volume de ses loisirs pour que tout le temps libre dont il disposera bientôt puisse être utilisé ?
*
Tu vois, grand-mère, le monde est vraiment devenu fou, fou, fou. Mais ce qui le rend fou, ce ne sont pas des choses comme les salons de beauté pour animaux domestiques ou les magnifiques caveaux en onyx qui leur serviront de dernières demeures, ni les blörks gluants et roses à l’arôme latexoïde que les gamins béats mâchonnent, ni les restaurants très “in“ où les clients mangent, boivent et causent dans une obscurité utérine, ni les championnats internationaux du cracher de noyaux de cerise, ni les concours féminins de lutte dans la gelée mauve, ni le Jerry Springer Show, ni même les épreuves de saut à l’élastique. Car des bouffons et des bouffonneries ont toujours existé, et ce n’est de loin pas pour autant que le monde, qui est trop fort, aura perdu sa tête.
Non. Le monde d’aujourd’hui est devenu fou parce qu’il a généré quelques spécimens qui ont la faculté de nous rendre tous fous. Ils nous font miroiter des facultés icariennes qui ne sont pas les nôtres. Ils repensent l’ignorance et veulent que l’on se l’approprie pour qu’elle devienne la référence. Ils renversent l’ordre naturel causal des devoirs et des droits, car l’on ne devrait avoir des droits qu’à partir de l’instant où l’on aura accompli nos devoirs. Ils font tout pour nous éloigner de notre point d’arrivée, qui depuis toujours est resté le même : la joie du labeur, comme premier et plus commun petit pas vers une rédemption possible.. Ils nous mettent en rogne contre notre propre berceau en œuvrant pour notre conversion d’hommes en consommateurs. Ils nous entraînent dans des altérations auxquelles nous aurons largement contribué et qui nous magnétisent. Ils ? Ils sont là où il faut, aujourd’hui : dans l’économie, la politique, les finances, le spectacle, les jeux, peut-être encore ailleurs. Je ne saurais dire s’ils sont comme vous et moi, ou bien s’ils sont petits, verts, ont des yeux rouges et de grandes oreilles, ou alors s’ils sont carrément invisibles pour nous. Mais est-ce vraiment important ?
Toutes ces mutations se font donc sous nos yeux, autour de nous et en nous-mêmes : nous en faisons partie.
Nous sommes ces mutations.
[9 janvier 2004]
- Là-haut sur la montagne, un berger gardait son troupeau quand, soudain, une super 4×4 rutilante freine devant lui dans un nuage de poussière. Jovial, un type bronzé descend, sapé comme un prince. ‘Salut, mon vieux !’, lance le type. ‘Mmm’, marmonne le berger, qui le scrute, méfiant. ‘Belle journée, hein ?’ ‘Mmm’. ‘Dis-moi, mon brave, tu dois t’ennuyer grave par ici, alors je te propose un jeu, hein ?’ ‘Mmm’. ‘Si j’te dis combien t’en as de ces moutons, tu m’en donnes un ?’ Confus, le berger balaie le type d’un long regard bourru. ‘Eh bien, l’ami ?’ Le berger, enfin : ‘Mmm’. ‘Oookay !’ s’écrie le type. Et il se rue dans sa 4×4, ouvre le portable, sort le mobile, allume le gps, capte le satellite Znyrck, détecte la zone, zoome sur le troupeau, lance le compilateur statistique de recensement QznX42 et, deux minutes plus tard, radieux, vers le berger qui le fixe d’un regard vide : ‘Eh, mon grand, t’as 2758 moutons, pas vrai ?!’ ‘Mmm’. ‘Bon, alors, tu me le donnes, ce mouton ?’ ‘Mmm’. Et le type se tourne vers le troupeau de moutons, en choisit un et s’en va, lorsque le berger l’arrête : « Hé, m’sieur, si j’vous dis quel est votre métier, vous me rendez l’animal ?’ ‘OK !’ s’exclama le type, amusé. ‘Dès fois, vous ne seriez pas consultant ?’ Le type, perplexe : ‘Mmais, ccomment tu l’as su ?!’ ‘Ben, c’est assez facile : d’abord, vous êtes venu chez moi sans que je vous le demande ; ensuite, vous m’avez appris quelque chose que je savais déjà ; et à la fin, pour preuve que vous n’y connaissez rien de mon boulot, vous avez emporté mon chien.’
- Si ce n’est avec le Paranthropus robustus (l’homme robuste d’à côté, -2.5000 millions d’années), l’Homo ergaster (l’homme travailleur, -1.5000) ou sa filiation directe l’Homo habilis (l’homme habile, -1.5000) et l’Homo erectus (l’homme debout, -1.0000), plus probablement avec l’Homo sapiens (l’homme sage, -0.1000) ou encore l’Homo sapiens sapiens (l’homme très sage, Hs2 , -0.0200), et sûrement dès l’époque de l’Homo sapiens sapiens sapiens (l’homme extrêmement sage), c’est-à-dire celle de l’Homo faber (l’homme créateur, Hs3 = Hf , -0.0050).
2 réponses
Cette pensee comme quoi « Le 21eme siecle sera spirituel ou ne le sera pas/plus du tout » ( que j’atribuais par ailleurs a Mircea Eliade, si cela compte :)) me revient a moi aussi, ces derniers temps, exactement pour les raisons que tu evoques et surtout parce que l’on est en train de passer le cap des premiers decenies deja et que moi aussi je m’attendais a percevoir des signes tandis que tout ce qui se passe aoutour temoigne plutot d’un eloignement de Dieu. Mais c’est vrai qu’on a encore 80 ans devant et qu’a la vitesse croissante dont le monde va n’importe quelle surprise est possible. Et puis, il y a toujours Dieu et Son plan qui ne peut etre autrement que mysterieux…
Quant au bouleversement, oui, on est dans un monde a l’envers, au valeurs renversees – un monde Antichristique. Qui sait si l’Antichriste n’est pas exactement cela: un etat de l’humanite ou tout est renverse?
?