1191 (II/II)

Catégorie: Essais

«Il est dan­ge­reux d’avoir rai­son
sur des sujets où l’autorité offi­cielle a tort».
(Vol­taire)

« …Vic­times de la véri­té der­rière les mes­sages
des stoïques Saints du pro­fit qui
qui sou­rient lorsque les mer­veilles
de toutes sortes déboulent dans leurs poches… »
(Deep Forest, ‘Endan­ge­red Spe­cies’,
de l’album ‘Music Detected’)

[…] Sur­tout après leur dérou­le­ment. Mais aus­si pen­dant. Il suf­fit de se rap­pe­ler les dif­fé­rentes fausses alertes visant d’autres bâti­ments de pres­tige; les dis­po­si­tions prises pour mettre à l’abri divers digni­taires; le branle-bas autour de la ques­tion des effets boule-de-neige sur la ville de New York, sur l’Amérique entière et sur le monde en géné­ral; le jeu des situa­tions d’urgence stra­té­gique (les fameux niveaux de DEF­CON)151; le bal­let des com­men­ta­teurs et la valse des spé­cia­listes ès affaires stra­té­giques, ès ques­tions isla­miques, ès socio­lo­gie, ès psy­cho­lo­gie, ès ter­ro­risme, cha­cun livrant son lot d’expertise en la matière.

L’après 11 sep­tembre fut pour­tant beau­coup plus riche à ce titre, peut-être par sou­ci de ne pas gas­piller – voire: de ren­for­cer – ce qui avait été acquis entre-temps. Il y eut les mul­tiples alertes aux gaz anthrax; celle cau­sée par la défaillance d’un réac­teur qui fit tom­ber un Air­bus A300 d’American Air­lines sur le quar­tier de Queens à New York (c’était le 12 novembre 2001 et il y eut 255 vic­times); l’attentat du 28 novembre 2002, per­pé­tré contre un hôtel de Mom­bas­sa (Kenya), qui fit 13 morts; ce même jour, la ten­ta­tive avor­tée de détruire en vol un Boeing B757 affré­té par le plus gros tour opé­ra­teur israé­lien Arkia et qui effec­tuait la liai­son Mom­bas­sa – Tel Aviv; la ten­ta­tive éga­le­ment échouée du pas­sa­ger néo-zélan­dais Richard Bruce Reid de faire explo­ser ses chaus­sures le 22 décembre 2002 dans l’appareil qui reliait Mia­mi à Paris; l’interdiction abso­lue d’embarquer à bord d’un avion avec la moindre lime à ongle, la moindre pince à sour­cils, le moindre cure-dents.152

L’orchestration des retom­bées stra­té­giques internationales

Le coup du 11 sep­tembre 2001 a per­mis aux États-Unis d’Amérique d’occuper impu­né­ment l’Afghanistan et l’Irak; de mettre sur la sel­lette des pays-char­nière, comme l’Iran, l’Arabie Saou­dite et la Syrie; de fra­ter­ni­ser, au nez et à la barbe de Mos­cou, et à coup de dol­lars, avec d’anciens États de l’ex-Union Sovié­tique, majo­ri­tai­re­ment musul­mans, comme le Kir­ghi­zis­tan, le Tad­ji­kis­tan, le Turk­mé­nis­tan et l’Ouzbékistan; enfin, d’asseoir offi­ciel­le­ment un lea­der­ship déci­sion­nel abso­lu qui jusque-là ne s’était mani­fes­té qu’officieusement.

L’orchestration des médias du pays dit plus libé­ral en la matière

En tant que miroir à la fois d’une nation et des faits, les médias ont acquis un rôle sans pré­cé­dent sur le plan de la créa­tion des opi­nions. À plus forte rai­son aux États-Unis, où leur impact en la matière est abso­lu. Aus­si, leur impor­tance dans la ges­tion des faits était, évi­dem­ment, pri­mor­diale. À la mesure de leur légen­daire liber­té, affi­chée avec arro­gance. Com­ment dès lors ne pas res­ter sans voix devant l’accablante uni­for­mi­té et pla­ti­tude, si ce n’est l’affligeant confor­misme et ser­vi­lisme, dont les médias ont fait preuve en cou­vrant153ces moments? Bien sûr, je ne parle pas de la cou­ver­ture en images, ou de la façon dont furent res­ti­tuées les nou­velles. Je parle de leur ton, de leur atti­tude, de la façon dont fut trai­tée leur mis­sion de base – l’information, qui se doit de se tenir autant que pos­sible dans la neu­tra­li­té et la ver­ti­ca­li­té. Mais dans le cas pré­sent, il faut vrai­ment une volon­té d’acier pour ten­ter de retrou­ver, par ci par là, des com­men­taires oppo­sés à ceux ouver­te­ment et vio­lem­ment ali­gnés, qui consti­tuent, on l’a com­pris, l’écrasante majorité.

Le détour­ne­ment des consciences

Trau­ma­tisme des faits, médias et voix offi­cielles aidant, il ne s’en est pas failli de beau­coup pour créer outre-Atlan­tique un état géné­ral d’hystérie propre aux masses, qui fit vite des ravages. Fin 1941, il ne fai­sait pas bon pour les citoyens amé­ri­cains d’origine japo­naise de trop se mon­trer154.Dix ans plus tard, l’heure des comptes son­na pour ceux qui furent soup­çon­nés de sym­pa­thies com­mu­nistes155. Cin­quante ans après, vînt le tour des arabes et, de façon plus géné­rale, de n’importe quel bron­zé por­teur de kef­fieh, tur­ban, fez et autres couvre-chefs ‘pas comme chez nous’. Si, jusqu’alors, affi­cher en Amé­rique sa dif­fé­rence, éven­tuel­le­ment sa fronde, par rap­port à tout et – sou­vent – à n’importe quoi, était presque deve­nu une spé­ci­fi­ci­té du pays, dès le len­de­main de la tra­gé­die, bien que cette tra­di­tion ne dis­pa­rut pas, elle enre­gis­tra une excep­tion nette, et une seule: la réfé­rence au ‘nine ele­ven’, au 11 sep­tembre. Qu’elle soit affi­chée sur des t-shirts ou sur les murs des mai­sons, ou encore – et sur­tout – qu’elle soit expri­mée de vive voix, elle se devait d’être ali­gnée à la ver­sion offi­cielle, sous peine de vio­lentes réac­tions de l’entourage. Qui par­lait d’un com­mu­nisme à l’américaine?…

L’esquive des évidences

Patiem­ment, il est pos­sible de trou­ver, comme je viens de l’affirmer, des ‘poches’ où la conscience vit encore. Tel ce site Inter­net156qui démontre, cal­culs et for­mules à l’appui, qu’anéantir une tour du World Trade Cen­ter suite au seul choc pro­duit par un avion, auquel s’ajouterait la ruine des maté­riaux de résis­tance de l’immeuble par l’effet de la cha­leur déga­gée lors de la com­bus­tion du kéro­sène, c’est pra­ti­que­ment impos­sible, car insuf­fi­sant. C’est assez trou­blant, car un ingé­nieur civil de mon entou­rage, que j’avais ques­tion­né sur la chose ce matin-là même, m’avait pro­po­sé la même conclu­sion sous une forme suc­cincte et autre­ment formulée.

Mon but n’est pas de faire ici l’inventaire de ces preuves, ni de me livrer à une inves­ti­ga­tion per­son­nelle que je ne sau­rais conduire par manque de moyens, de com­pé­tences et d’intérêt. Je compte sou­li­gner en revanche l’existence mani­feste d’une volon­té des­ti­née à évi­ter l’examen offi­ciel, impar­tial, pro­fes­sion­nel, appro­fon­di et com­plet des causes et autres épi­phé­no­mènes de cette tra­gé­die. Si, en son temps, le rap­port de la com­mis­sion War­ren sur les cir­cons­tances de l’assassinat de l’ancien pré­sident John F. Ken­ne­dy fut maintes fois cri­ti­qué pour son carac­tère ama­teur, sub­jec­tif et lacu­naire (eu égard l’importance du sujet), force est aujourd’hui de lui recon­naître, par rap­port aux ‘évé­ne­ments du 11 sep­tembre’, au moins le mérite d’avoir exis­té. Com­ment se fait-il que cette Amé­rique si volon­taire tolère l’absence d’un maillon tel­le­ment cru­cial sur la voie de la recherche de la véri­té, c’est déjà une autre question.

Le musel­le­ment des opinions

Dans le pro­lon­ge­ment du détour­ne­ment des consciences, qui fait encore par­tie de l’arsenal de la pro­pa­gande, nous avons aus­si consta­té l’apparition de cet ins­tru­ment de cen­sure qui appar­tient, lui, au domaine de la répres­sion. D’une part, le pro­ces­sus d’endoctrinement dépas­sa rapi­de­ment le cadre rela­ti­ve­ment res­treint des ara­bo-amé­ri­cains ano­nymes, pour s’en prendre à tout contes­ta­taire de la ver­sion offi­cielle, fut-il blanc, chré­tien et célèbre157. D’autre part, via les cou­rants d’idées, les canaux des médias, mais aus­si ceux des affaires, furent jetées en un temps record les bases néces­saires à l’instrumentation légale et juri­dique de ce volet impor­tant de l’opération. C’est de cette façon qu’a été réussie…

La sou­mis­sion des acteurs politiques

Au tout début, cette subor­di­na­tion appa­rut comme une autre forme légi­time de la cohé­sion natio­nale sans faille au-devant d’une adver­si­té extrême. Comme lorsqu’un cata­clysme natu­rel frappe la vie de la com­mu­nau­té. Visages graves, dépu­tés, séna­teurs et autres gou­ver­neurs démo­crates ou répu­bli­cains expri­maient à l’unisson les mêmes pré­oc­cu­pa­tions. C’était mal sai­sir le pro­blème, car bien­tôt vint le tour les demandes d’octroi de bud­gets incom­men­su­rables, qui étaient cen­sés finan­cer rien que la lutte contre le ter­ro­risme. Le Congrès vota et, en deux ans, 167 mil­liards de dol­lars du contri­buable par­tirent ain­si dans cette direc­tion. Sui­vit ensuite le fameux ‘Patriot Act I’, adop­té par le Sénat à peine six semaines après les frappes. Quan­ti­té de liber­tés civiques – fier­té et pierre angu­laire de la démo­cra­tie amé­ri­caine – étaient ain­si limi­tées ou sus­pen­dues. Conti­nuons avec la créa­tion sans obs­tacles d’un super-fau­teuil de ministre de la sécu­ri­té inté­rieure. Enfin, sur­prise!, même si les condi­tions et l’esprit n’étaient plus les mêmes, vint le tour du ‘Patriot Act II’, exten­sion du pre­mier, qui est actuel­le­ment débat­tu au Congrès.

L’exaltation des élé­ments – jus­te­ment – patriotiques

C’est connu: un choc maté­riel et moral d’une telle ampleur et vio­lence ne sau­rait lais­ser pour compte le patrio­tisme d’un peuple. Sur­tout en Amé­rique – l’histoire récente l’a prou­vé 158. Et c’est exac­te­ment ce qui s’est pas­sé. L’élan yan­kee prit un envol spec­ta­cu­laire, et la côte du pré­sident en exer­cice grim­pa au zénith, mal­gré une conduite ini­tiale très dis­cu­table. Certes, toute nation qui se res­pecte se doit de pos­sé­der dans son inven­taire le patrio­tisme. Elle se doit aus­si de le culti­ver. Il n’empêche que dans ses mani­fes­ta­tions, et par­ti­cu­liè­re­ment dans ses déra­pages, ce sen­ti­ment frôle assez sou­vent le gro­tesque. Tant que ces formes cari­ca­tu­rales d’exagération servent les inté­rêts d’un pays qui se trouve – par exemple – en état de guerre, on serait ten­tés de lui accor­der un cer­tain rôle thé­ra­peu­tique, donc béné­fique. Eh bien, nom­breuses sont aujourd’hui les formes cari­ca­tu­rales revê­tues par le patrio­tisme amé­ri­cain, notam­ment par rap­port à la pro­blé­ma­tique arabe. Cepen­dant, n’en déplaise à ce pré­sident, le pays n’est pas en état de guerre avec le monde arabe.

L’application des mesures coercitives

Ce ‘détail’ n’est qu’un effet de l’ensemble des aspects trai­tés ci-des­sus. Une fois l’arsenal mis en place, les arres­ta­tions arbi­traires, les longues déten­tions injus­ti­fiées, les pro­cès orches­trés, les pres­sions et les inti­mi­da­tions com­plètent un tableau qui prend forme petit à petit

Pour conclure, je me demande: si tout ceci n’est pas un vrai chef-d’œuvre dans son genre, alors de quoi devrait avoir l’air un tel vrai chef-d’œuvre?!

Adden­da: ubi, quan­do, quid, quis, qui­bus auxi­liis, cur, quomodo.

Vingt siècles en arrière, Quin­ti­lien rele­vait de manière on ne peut plus syn­thé­tique ces caté­go­ries, indis­pen­sables pour ana­ly­ser et consi­dé­rer les cir­cons­tances de tout acte (en l’espèce cri­mi­nel), avec la par­ti­cu­la­ri­té que, for­cé­ment, la véri­té ne sau­rait sur­gir qu’une fois connues les réponses à toutes ces ques­tions. Alors:

Ubi: où a eu lieu l’acte? où se trou­vait son objet? Ça, au moins, c’est connu, mais c’est encore loin d’être suffisant.

Quan­do: quand? Ça, en tout cas, c’est aus­si connu: le 11 sep­tembre 2001, n’est pas?

Quid: quel est l’acte? mais aus­si quel est l’objet de l’acte? Ça, c’est connu éga­le­ment: la des­truc­tion d’objets et de vies humaines. Les objets sont res­tés gra­vés sur toutes les rétines.

Quis: qui est l’auteur? L’on ne sait pas. J’entends par là que sur­tout devant d’une telle mons­truo­si­té, des preuves abon­dantes et par­fai­te­ment irré­fu­tables sur l’identité des sus­pects auraient dû être consi­dé­rées abso­lu­ment obli­ga­toires avant de dési­gner ces sus­pects comme auteurs – com­man­di­taires ou exé­cu­tants. Mais ces preuves sont absentes. Elles l’étaient au len­de­main des atten­tats et on les attend encore aujourd’hui. Ou alors elles existent, et elles ont tou­jours exis­té, mais n’ont pas été révé­lées. Tout ce que l’on ‘sait’, repose sur les décla­ra­tions d’une poi­gnée de hauts diri­geants poli­tiques, selon les­quels ces preuves existent. Punkt Schluss.

Qui­bus auxi­liis: à l’aide de qui/quoi? avec quelles aides? On ne sait pas non plus. Com­ment le savoir ? Cela sup­po­se­rait que les auteurs aient déjà été net­te­ment iden­ti­fiés. Retour à quis. Ce qui est connu repose sur l’intuition que tout bar­bu basa­né por­teur de kef­fieh est un com­plice (poten­tiel) qui n’a qu’a bien se tenir et qui a sur­tout inté­rêt à prou­ver son innocence.

Quo­mo­do: com­ment? Là aus­si il y a un pro­blème. Les kami­kazes dont nous avons tous vu les por­traits à la télé­vi­sion sont morts jusqu’au der­nier. Donc on ne peut guère les inter­ro­ger sur ce point. Ou bien ils n’ont jamais exis­té, ou alors ils sont dis­pa­rus – allez savoir!, car les pas­sa­gers qui auraient pu être inter­ro­gés là-des­sus sont aus­si tous morts. Ou n’ont jamais exis­té. Ou ils sont dis­pa­rus. Par ailleurs, les fameux enre­gis­tre­ments audio et vidéo de leur ‘com­man­dant suprême’ non seule­ment n’ont jamais été iden­ti­fiés sérieu­se­ment, mais ils n’ont pas été expres­sé­ment reven­di­qués. Comme les atten­tats d’ailleurs. Et un atten­tat non reven­di­qué reste, au-delà de tout ce qu’il est pos­sible d’échafauder sur le compte de ses auteurs pré­su­més, quelque chose de par­ti­cu­liè­re­ment étrange.159 Ain­si, sur la ques­tion de l’instrument humain, force nous est-il de consta­ter que nous res­tons un peu bre­douille. La ques­tion de l’instrument non-humain est aus­si déli­cate. Lais­sant de côté le cas du Penta­gone, nous avons tous bien vu deux avions per­cu­ter les deux immeubles du World Trade Cen­ter. Mais com­ment exac­te­ment? Com­ment cela est-il concrè­te­ment pos­sible? Je veux dire : com­ment ferait un avia­teur de petits zincs de dimanche pour pilo­ter une usine tel un Boeing 767; pour viser une cible de 50m, en vol à petite vitesse et à envi­ron 200 m de hau­teur, dans un centre-ville bour­ré de gratte-ciel, de câbles, d’hélicoptères, de che­mi­nées, d’antennes, avec une ‘car­gai­son’ hos­tile (un équi­page et des pas­sa­gers qui savent qu’ils mour­ront en peu de temps et qui, de ce fait, n’ont plus rien à perdre); et enfin, dans ces condi­tions, pour diri­ger le pro­jec­tile pile au milieu de la cible? À cette vitesse-là, 0.1 secondes d’inadvertance, d’inattention, d’imprévu, d’hésitation, un atchoum, un hoquet, suf­fisent pour rater l’objectif. Mais il n’y a pas eu de ratés. Pour des ama­teurs entraî­nés pen­dant quelques semaines sur des simu­la­teurs de vol et sur des biplaces de plai­sance, cette per­for­mance est beau­coup plus qu’un exploit.

Cur: pour­quoi?

Hon­nê­te­ment, c’est la grande ques­tion. Quel aurait pu être le résul­tat escomp­té par ce réseau ter­ro­riste-là (en sup­po­sant que ses membres furent les ins­ti­ga­teurs et les auteurs des atten­tats) à la suite d’un tel acte innom­mable? À pre­mière vue, la plus simple réponse serait: rien. En prin­cipe, un acte ter­ro­riste peut être – appa­rem­ment – gra­tuit. Il peut très bien frap­per par rico­chet, aux 2ème ou 3ème degrés. Oui, peut-être, mais pas un acte tel que celui-là. Comme pour toute chose dans ce monde, il existe un sens et une dis­ci­pline aus­si dans le sec­teur du cau­che­mar. Un exemple: admet­tons le cas inverse d’un mou­ve­ment féro­ce­ment anti-isla­mique qui, un jour de dhu’l’hijja, qui est le mois du pèle­ri­nage, lan­ce­rait simul­ta­né­ment de gros pro­jec­tiles incen­diaires sur la Kaa­ba de la Grande Mos­quée de La Méque, sur le Dôme du Rocher à Jéru­sa­lem et sur la Mos­quée du Pro­phète à Médine. Qu’obtiendrait-il autre qu’un blâme pla­né­taire? En d’autres termes, je suis per­sua­dé qu’il existe des gestes qui par leur force sym­bo­lique, dépassent de loin le ter­ro­risme – en tout cas tel que nous l’avons vécu avant le 1191. Cela dit, et par réduc­tion à l’absurde, on pour­rait para­doxa­le­ment déduire qu’un tel acte ne sau­rait être le pro­duit d’une volon­té anta­go­niste, pour autant que cet enne­mi ne fonc­tionne selon des sché­mas men­taux, stra­té­giques et – cas échéant – doc­tri­naires abso­lu­ment autres que ceux qui ont cours dans le monde connu. Or jus­te­ment, que je sache, ces for­ma­tions anti-amé­ri­caines ne sont pas com­po­sées de mar­tiens, et leurs méthodes sont lis­tées depuis belle lurette. Et puis, si j’avais été le chef bar­bare de ce réseau, che­ville ouvrière de ces atten­tats à New York et Washing­ton, enra­gé de punir le grand méchant anglo-amé­ri­cain; en admet­tant que, depuis ma grotte de l’Hindu-Kush, j’aurais tout de même eu les moyens de l’inimaginable logis­tique exi­gée pour réus­sir mes for­faits; – eh bien, ne les aurais-je pas répé­té? Au moins une fois, par­di! Et vlan, le jour de Noël, ci un avion sur la Bourse de New York, là un autre sur l’aéroport O’Hare de Chi­ca­go, un autre sur le West­mins­ter de Londres et un der­nier sur le Gol­den Gate Bridge de San Fran­cis­co. Cepen­dant, depuis ce jour-là, plus d’attentats.

Mais alors: qui, avec quels appuis, com­ment et pourquoi ?

[6 octobre 2002 – 12 octobre 2003,

revu super­fi­ciel­le­ment le 13 sep­tembre 2023]

PS. À l’exception de chan­ge­ments mineurs et sans impact aucun sur la sub­stance du texte, c’est expres­sé­ment que je n’y suis pas inter­ve­nu pour le mettre à jour. Beau­coup de choses se sont pas­sées depuis sa créa­tion il y a vingt ans, mais il est supre­nant de voir qu’aucune ne le contre­dit ou le rend désuet. Au contraire.

[13 sep­tembre 2023]

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