The Great Reset (1/2)

Catégorie: Essais
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L’Éternel vit que la méchan­ce­té des
hommes était grande sur la terre, et

que toutes les pen­sées de leur coeur se
por­taient chaque jour uni­que­ment
vers le mal.

[…]

Et l’Éternel dit: J’exterminerai de la
face de la terre l’homme que j’ai créé,
depuis l’homme jusqu’au bétail, aux
rep­tiles, et aux oiseaux du ciel; car je
me repens de les avoir faits.”

(Genèse 6.5, 7)

Et l’Éternel dit: Voi­ci, ils forment un
seul peuple et ont tous une même
langue, et c’est là ce qu’ils ont entre­pris;
main­te­nant rien ne les empê­che­rait de
faire tout ce qu’ils auraient projeté.

Allons! des­cen­dons, et là confon­dons
leur lan­gage, afin qu’ils n’entendent
plus la langue, les uns des autres.

Et l’Éternel les dis­per­sa loin de là sur
la face de toute la terre; et ils ces­sèrent
de bâtir la ville.”

(Genèse 11.6-8, 7)

Nous vivons des temps extra­or­di­naires. En clair, cela veut dire des temps qui sont en dehors de l’ordinaire. Qui sait, peut-être uniques. Pas toute géné­ra­tion a une telle occa­sion. Peut-être aucune jusqu’à pré­sent. Et comme d’habitude, nous sommes plu­sieurs géné­ra­tions à vivre leur temps simul­ta­né­ment, car l’humanité se déroule par paquets de quatre à six géné­ra­tions. En ce moment nous sommes donc peut-être une demi dou­zaine de géné­ra­tions à expé­ri­men­ter ensemble ces temps extraordinaires.

Certes, tout au long de l’histoire et aux quatre coins du monde les hommes ont sou­vent connu de très longues périodes de détresse, déclin, des­truc­tion, ter­reur, des guerres sem­blant sans fin, des cala­mi­tés dan­tesques, inter­mi­nables. Beau­coup moins de paix, de fer­ti­li­té et de bon­heur. Les temps à l’intérieur des­quels nous sommes main­te­nants enga­gés sont tout aus­si effrayants, tou­te­fois ils sont radi­ca­le­ment dif­fé­rents, et c’est jus­te­ment pour cela qu’ils sont extra­or­di­naires. Car cette fois le mal est planétaire.

Les cloches résonnent par­tout, de par­tout, fort, à l’unisson, mais…

…ça vise la Lune et ça s’intéresse aux pla­nètes avant de connaître à fond La Grande Bleue, qui est la mère de tout ce qui vit et bouge. Ça assiste bras bal­lants à l’envolée spec­ta­cu­laire de la seconde plus grande reli­gion au monde tout en regar­dant ses deux mil­liards de fidèles comme des sans-culottes modernes. Ça enrage devant la pro­pa­ga­tion des natio­na­lismes, fei­gnant ne pas com­prendre qu’il ne s’agit que d’une réac­tion vis­cé­rale d’humains au bord de la rup­ture à force d’internationalisme, d’uniformisation et de glo­ba­li­sa­tion. Ça traite le soit-disant “tiers-monde” uni­que­ment comme une terre-source de richesses qu’il convient d’exploiter, peu­plée par des pri­mates qu’il sied de chan­ger tel des mou­choirs. Ça s’effraye devant une nation il y a peu médié­vale qui tend visi­ble­ment vers l’hégémonie mon­diale, mais ça reste inca­pable de for­mer un pole uni de dia­logue avec. Ça conti­nue de tour­ner à fond aux com­bus­tibles fos­siles et aux hydro­car­bures tout en regar­dant les gla­ciers fondre, les eaux mon­ter, les forêts bru­ler et les coteaux s’écrouler. Ça se com­plaît de croire à la péren­ni­té des res­sources de la bonne Terre et donc de les englou­tir comme jamais aupa­ra­vant pour assou­vir la déesse Crois­sance. Ça surfe sur le déni uni­ver­sel d’égalité entre les hommes, à force de racismes, chau­vi­nismes, sec­ta­rismes, radi­ca­lismes, éli­tismes. Ça per­siste à consom­mer à tort et à tra­vers, à gas­piller sans aucun sou­ci d’économie, tout en prô­nant péni­ble­ment le recy­clage et le déve­lop­pe­ment durable. Ça mul­ti­plie les des­truc­tions ahu­ris­santes des forêts, pou­mons de la Terre, pour la gloire de la res­tau­ra­tion rapide et de l’ameublement stan­dar­di­sé. Ça souille comme jamais l’eau des océans, mers, fleuves, rivières, lacs et fon­taines. Ça contemple le fos­sé crois­sant entre (pays) riches et (pays) pauvres, que l’on déclare aider par des finan­ce­ments en réa­li­té oppres­sifs, l’œil tou­jours tour­né vers les cota­tions du jour. Ça retient la femme – mère de tous les hommes – enfer­mée dans la clô­ture de la sou­mis­sion, de l’infériorité et de l’iniquité. Ça traite la migra­tion mas­sive comme une agres­sion dont il faut se défendre puisqu’elle met en péril des valeurs his­to­ri­que­ment éta­blies, alors qu’elle n’est que le prix de plu­sieurs siècles d’esclavage et de pillages. Ça fait d’internet l’outil abso­lu de contrôle au tra­vers des sys­tèmes de paye­ment, des réseaux sociaux, des com­mu­ni­ca­tions, des cryp­to-mon­naies et des camé­ras de sur­veillance dis­sé­mi­nées tous azi­muts. Ça sort du cha­peau le concept du ter­ro­risme, le plante soli­de­ment à tous les coins des rues et le hisse au som­met des pré­oc­cu­pa­tions per­ma­nentes de la socié­té. Ça pié­tine métho­di­que­ment le noyau social fon­da­men­tal qu’est la famille, sur la base de la liber­té sexuelle avan­cée comme pre­mier, der­nier et unique argu­ment. Ça s’obstine à jeter la nour­ri­ture en excès et à arro­ser à l’eau potable, mais rechigne à trou­ver les moyens pour qu’aliments et eau puissent sou­la­ger les plus dému­nis – qui sait? peut-être jus­te­ment des migrants en deve­nir. Ça accé­lère le déve­lop­pe­ment de l’intelligence arti­fi­cielle et ça rêve du pro­grès qu’elle appor­te­ra au genre humain, sans sou­ci pour une alter­na­tive au désastre social que cela entraî­ne­ra sans faute. Ça se satis­fait de consta­ter une démo­gra­phie expo­nen­tielle et dés­équi­li­brée, sans cher­cher en urgence des solu­tions de fond. Ça plie les genoux devant l’illusion de la tech­no­lo­gie en tant qu’avenir de l’homme, qu’elle-même trans­forme en pro­duit. Ça exter­mine des quan­ti­tés d’espèces ani­males pour des fri­vo­li­tés, alors que l’équilibre natu­rel est depuis long­temps déjà en dan­ger. Ça déve­loppe en conti­nu l’arsenal le plus sophis­ti­qué jamais connu pour, armés jusqu’aux dents, jus­te­ment dis­po­ser des moyens néces­saires et adé­quats au jeu des gen­darmes mon­diaux et à la défense per­ma­nente contre le ter­ro­risme et les migra­tions, garan­tis­sant ain­si paix et sta­bi­li­té dans le monde. Mais sur­tout, un quart de siècle après son inven­tion et en dépit de tout bon sens et de véra­ci­té, ça fait du “poli­ti­que­ment cor­rect” le phare dans le brouillard du fonc­tion­ne­ment des socié­tés dites “avan­cées” (puisque les autres – “en déve­lop­pe­ment” – n’en ont cure de cette inep­tie), au point de le faire engen­drer d’autre for­mules, les unes plus absurdes que les autres: socia­le­ment cor­rect, péda­go­gi­que­ment cor­rect, éti­que­ment cor­rect, scien­ti­fi­que­ment cor­rect, éco­lo­gi­que­ment cor­rect, cultu­rel­le­ment cor­rect et, récem­ment, sani­tai­re­ment correct.

*

Les cloches résonnent donc par­tout, de par­tout, très fort et à l’unisson, mais ceux qui devraient en pre­mier prê­ter l’oreille s’adonnent fébri­le­ment à diverses besognes et n’entendent pas le vacarme.

Est venu à pré­sent le tour du nou­veau tsu­na­mi pla­né­taire – inti­tu­lé Covid-19 – de nous frap­per, et de plein fouet. Il explique le pro­pos d’ouverture disant que nous vivons des temps extra­or­di­naires, en ceci que pour la pre­mière fois dans l’histoire connue, un fléau glo­bal et sub­stan­tiel appa­rait sans dis­tinc­tion dans un monde déjà miné par un aus­si grand nombre de dys­fonc­tion­ne­ments majeurs. Aurions-nous là les ingré­dients néces­saires et suf­fi­sants pour une fin du monde cette fois authen­tique ? Retour donc aux Écri­tures ? Pas sûr, mais pas tout à fait exclu non plus, néan­moins selon une approche différente.

Ce ne peut être Le Grand Archi­tecte Uni­ver­sel qui a par­se­mé la Terre de toutes les infa­mies énu­mé­rées, et encore moins Lui qui y a lâché de Sa propre main des hordes goo­go­lesques de vilains nano agents patho­gènes essai­mant vite, infec­tant vite et tuant vite les plus faibles, par­mi d’autres. Non, puisqu’on le sait: Lui a d’autres moyens, et d’autres plans, que nous n’avons pas à connaître.

Avant de pour­suivre, un bref rap­pel et quelques chiffres.

Selon cer­taines esti­ma­tions, la peste noire, pire pan­dé­mie enre­gis­trée et qui a sui­vi l’époque des croi­sades, a tué durant huit ans quelque 25% de la popu­la­tion mon­diale de l’époque, 50% selon d’autres. Une fois éteinte, c’est la Renais­sance qui a pris sa place. En dix-huit mois envi­ron, le Covid-19 seul vient de réduire la popu­la­tion mon­diale actuelle d’approximativement 0.025%, ce qui – pro­por­tion­nel­le­ment – cor­res­pond à envi­ron 0.13% sur une même période de huit ans, soit à peu près 200 à 400 fois moins que la redou­table peste noire. Vien­dra alors pour­tant, comme il y a huit siècles en arrière, le moment pour “The Great Reset” ? La remise des comp­teurs à plat ou à zéro ? Une seconde Renaissance ?

Les vraies dis­pa­ri­tés sont pour­tant ailleurs. Si la peste noire a donc clai­re­ment dévas­té l’espèce humaine, la pan­dé­mie actuelle est extrê­me­ment loin de pro­duire de sem­blables ravages. Phy­siques. En ces temps-là, «les hommes croyaient en Dieu et aux forces du mal» 1. Au XIVe siècle, per­sonne n’avait idée des hommes de notre temps qui, che­vau­chant modi­fi­ca­tions géné­tiques, bio­tech­no­lo­gies et cryo­ge­nèse, soit craignent irra­tion­nel­le­ment et sans limites la mala­die et la mort – phy­sique, soit n’acceptent plus tel­le­ment la fatalité.

C’est là où tout change. D’un côté, les notions approxi­ma­tives, les remèdes de for­tune et la pré­ca­ri­té uni­ver­selle de jadis. D’un autre côté, les acquis, les moyens et le niveau de vie sans com­mune mesure d’aujourd’hui. Peut-être 200 à 400 fois supé­rieurs (sic!). Et comme on a vu que la “force de frappe” du Covid-19 est à ce point moindre par rap­port à celle de la peste noire (peut-être 200 à 400 fois – sic!), pour trou­ver un impact com­pa­rable il fau­drait sérieu­se­ment tra­vailler sur le men­tal, dont l’infériorité com­ble­rait le han­di­cap. Mais pour­quoi œuvrer pour un tel impact et qui s’adonnerait à ce travail ?!…

S’attaquer à ce sujet pré­sup­pose céder à la ten­ta­tion et ouvrir la boîte de Pan­dore, mordre le fruit défen­du. C’est clai­re­ment déli­cat et ris­qué, mais pra­ti­que­ment inévi­table. Pro­cé­der donc avec un dis­cer­ne­ment infini.

Le mal actuel – qui appar­tient à la grande famille des grippes – a vite fait de divi­ser la Terre en deux camps prin­ci­paux, dis­tincts, irré­con­ci­liables et tota­le­ment inégaux. Le camp de loin le plus four­ni ras­semble tous les incon­di­tion­nels, regrou­pés dans dif­fé­rentes caté­go­ries ordon­nées sur l’échelle de la can­deur. À dif­fé­rents degrés, ils s’alignent auto­ma­ti­que­ment sur les ver­sions offi­cielles, au fur et à mesure de leur appa­ri­tion. De l’autre côté, il y a la mino­ri­té de ceux que les incon­di­tion­nels traitent de tous les noms mépri­sables, mais sur­tout de “anti-quelque chose”, “com­plo­tistes” et “conspi­ra­tion­nistes”. À tout moment ils ver­raient des chi­mères par­tout, inven­te­raient des réa­li­tés paral­lèles et s’alimenteraient d’illusions dan­ge­reuses fabri­quées dans leurs esprits troublés.

Je ne suis d’aucun de ces assem­blages, mais peut-être d’un troi­sième groupe, médian, peut-être tota­le­ment mar­gi­nal, peut-être insi­gni­fiant: celui des éveillés, des obser­va­teurs, des ana­ly­seurs et des atten­tistes. J’aime croire que – les yeux ouverts – j’observe, ana­lyse et attends, en essayant de ne pas juger. Quoi ? […]

[18 jan­vier 2021]

  1. ”Les visi­teurs”, Jean-Marie Poi­ré, Gau­mont-Fran­ce3-Canal+, 1993
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