L’histoire extroyable de Félix Doussett (1/4)

Catégorie: Fiction

Le pré­lude

L’avènement

L’éclosion

La cou­pure

Les suites

Le tour­nant

La cas­sure

L’envol

L’éclat

La véri­té

Le chan­ge­ment

L’épreuve

La déci­sion

Le sage

L’apogée

La fin

Et à la fin de ses longs jours, Félix Dous­sett mou­rut d’amours.

Le pré­lude

Mais avant de mou­rir d’amours, Félix Dous­sett en vécut. Déjà qu’il est né d’amours: celui de sa mère, qui lui offrit la moi­tié de sa vie, et celui de son père, qui lui en offrit l’autre. Cela se passe sous les bombes lors de la guerre civile. Pilotte de chasse, sa mère saute in extre­mis au des­sus du refuge bon­dé où son père infir­mier réfor­mé soigne les muti­lés et veille auprès des mou­rants. Dans sa chute, elle ne peut évi­ter son avion hors de contrôle, deve­nu par lui-même une bombe. Elle perd ses deux bras, mais elle garde ses deux jambes dont elle use pour se ruer dans le refuge tout proche où elle s’écroule dans les deux bras du père infir­mier réformé.

Il n’y a plus de place dans les lits, dans les dor­toirs, cou­loirs et toi­lettes. D’ailleurs, pour par­ler de vraies toi­lettes, il n’y en a plus non plus, puisqu’atomisées par la héca­bombe d’un sadique lâchée au bon endroit et muées depuis en féca­tombes. Le père est donc obli­gé de loger la mère sans ses deux bras dans sa propre cabine, aux côtés d’autres sinis­trés avec et sans un ou plu­sieurs membres. Des jours passent, des nuits aus­si. Les soins arrivent à temps, de telle sorte qu’elle peut s’en sor­tir tant bien que mal pour vivre au milieu de ceux qui s’éteignent tour à tour autour. C’est très triste mais très beau, car de cette grande détresse naît un grand amour.

Le père n’est pas très laid et même sans ses deux bras la mère est très belle. Par consé­quent s’éprennent-ils vite l’un de l’autre. Une infor­tune tenace les ombre cepen­dant: dans leur cadre létal, il est exclu de conclure une quel­conque pas­sion. S’enlacer ? Exclu. S’embrasser ? Rare, et déjà un exploit sol­dé. Ils sont encore assez jeunes et débor­dant d’un dyna­misme fré­né­tique. Au fil du temps, recher­cher une vraie solu­tion devient dès lors presqu’un devoir. Le devoir conti­nu et sal­va­teur du père l’empêche en revanche de s’absenter pour trou­ver cette solu­tion à l’extérieur, tan­dis que le quo­ti­dien piteux de la mère se réduit fata­le­ment au seul refuge.

Jusqu’au jour où – comme sous le coup d’un miracle – tout finit par s’arranger, bas­cu­lant dans l’horreur. Les gens meurent à vive allure. Aux alen­tours il ne reste plus le moindre mur debout. Au retour de ses besoins, le père se fait hacher fin sur le pas de porte par les éclats d’un obus per­du. Il perd ses deux jambes mais garde ses deux bras, dont il use pour ser­pen­ter jusqu’à sa chambre où il s’étale aux deux pieds de la mère sans les deux bras. Comme il ne reste plus le moindre doc­teur debout, les deux autres infir­miers lui viennent sitôt en aide. Des soins expé­di­tifs sont vite don­nés, sauf que le père réfor­mé est une grande nature et peut survivre.

Le miracle est qu’à part les deux amants, il n’y a plus âme qui vive dans le refuge, puisque les der­niers mori­bonds ont tré­pas­sé la veille. Aus­si peuvent-ils enfin conclure leur pré­lude et pas­ser à l’union de leurs ardeurs. La mère ne sau­rant enser­rer le père dans des bras qu’elle n’a plus, pas moyen donc de joindre leurs amours au lit. C’est déjà assez labo­rieux d’enlever les écrans en coton et nylon pour par­ve­nir au tou­cher soyeux, encore que froid, du lino vert. Les attentes, les rete­nues, les souf­frances, les pleurs – le tout est balayé par deux énormes vagues d’amours hautes comme deux men­hirs se heur­tant sans cesse dans un déli­cat fra­cas saccadé.

Vidé presque de ses ago­ni­sants, à pré­sent le refuge n’est qu’un lieu terne, ani­mé seule­ment par ces deux amou­reux et par quatre ou cinq chiens jadis errants, qui ont pris la place des occu­pants malades. De temps en temps, à tour de rôle et par des tours de passe-passe, les gosses d’une fra­trie voi­sine glissent au couple de sur­vi­vants des vivres volés. Pre­mière absente: l’hygiène. Faim et soif – solides et tenaces. Mal­gré cette pré­ca­ri­té lourde, immuable, rien n’ébranle l’amour vigou­reux et qua­si jour­na­lier entre­pris par le père envers la mère et l’inverse. Des mois entiers passent ain­si, puis toute une année jusqu’au jour bien­heu­reux de la délivrance.

L’avènement

De longs ins­tants, minutes, heures, jours d’une folle inten­si­té. Pénu­ries et pri­va­tions aidant, le quo­ti­dien de la mère et du père s’étale du nadir de la décré­pi­tude phy­sique au zénith de l’extase pas­sion­nel. Le peu de nour­ri­ture que la mère par­tage avec le père passe en entier à la créa­tion qu’elle porte dans le ventre, afin que le fruit puisse res­ter en vie. L’image est abo­mi­nable: deux formes ano­rexiques, l’une d’elles avec l’échine défor­mée par son ventre hyper­tro­phié, l’autre à le croire sor­ti des camps de tra­vail. Enfin, fi d’hurlements, pleurs de dou­leur et cris de joie, le père pose sur les seins plats de la mère un bébé mâle, sale, rose, dodu et joufflu.

C’est Félix. La mère s’appelle Alice, mais le père l’appelle Alix. Le père s’appelle Fre­de­ric, mais la mère l’appelle Féri. Au début, ils lui choi­sissent le nom d’Alfred, ensuite se ravisent au sou­ve­nir de la dyna­mite et d’autres explo­sifs qui les ont tant muti­lés. Pour consa­crer et cou­ron­ner leur acte, il ne reste donc qu’un seul nom à gra­ti­fier le bam­bin et c’est Félix. Gage du délice nour­ris­sant l’enfantement, preuve des amours réunis pour lui don­ner la vie, signe de l’avenir qu’ils lui sou­haitent, et au mépris com­plet d’une dot pour le moins embar­ras­sante, puisque ce Fre­de­ric Dous­sett vient d’Angleterre tan­dis qu’Alice Gneil vient d’Allemagne.

D’une cer­taine manière, l’enfant fait vivre ses parents. Lui, sa mère et son père passent ensemble cinq jours entiers ber­cés par un bon­heur abso­lu. Au sixième, l’âme de Féri s’enfuit de sa cage d’os, sui­vie le len­de­main par celle d’Alix, pous­sée à bout de forces tant par l’inanition que par la rage de Félix d’obtenir le sem­blant de lait maigre qu’elle porte encore. Peu après, l’aînée de la fra­trie découvre un nour­ris­son gémis­sant, nu et sale, tenaillé entre deux sortes de sque­lettes incom­plets en haillons. Venus sur-le-champ, les parents voi­sins mettent à l’abri le nou­veau-né dans leur foyer épar­gné, puis enterrent décem­ment Féri et Alix, côte à côte.

En pra­tique, Félix ne peut avoir connais­sance de ses géni­teurs, et encore moins des aspects si pro­di­gieux de sa venue au monde. Il faut dire que sa famille d’accueil est un exemple de bonne foi, refu­sant l’idée d’usurper l’identité d’une ascen­dance si héroïque. Aus­si, il apprend qu’il est le fils du Père Noël et d’une cigogne, et qu’il ne doit pas s’étonner de son aspect, alors que par nature un enfant du Père Noël et d’une cigogne n’a ni fez rouge, ni bec, ni barbe, ni plumes. Ses aînés jouent ce jeu le long de ses pre­mières années d’une vie rem­plie de joie, pure­té et ten­dresse. Clai­re­ment et dès son avè­ne­ment, l’enfant connaît l’amour simple et direct.

L’éclosion

La guerre finie, en âge de l’école, il doit chan­ger la mai­son pour l’internat. Là, en pre­mière, un mou­flet tor­du insiste au point de le per­sua­der que son his­toire d’ascendance ne tient pas debout. Il en reste tel­le­ment ahu­ri, que les moque­ries des autres plai­san­tins comptent peu. Cepen­dant ça devient pesant à force. Par chance pour lui, élève assi­du et sage, Félix attrape la fai­blesse de m’sieur da Sil­va, l’instituteur, qui vient d’un pays mys­té­rieux: le Por­tu­gal. M’sieur da Sil­va est au cou­rant de sa genèse et l’honore avec une franche affec­tion. Il l’appelle – seul élève – par son seul pré­nom et l’invite en famille pour les dîners très solen­nels de dimanche.

Entou­ré – si ce n’est accom­pa­gné – comme il l’est, sa bles­sure se ferme vite et ne laisse guère de cica­trice. Son pas­sé lui est deve­nu indif­fé­rent. Puisqu’en quelque sorte il est dif­fé­rent – du moins quant aux détails de sa nais­sance – il en éprouve même une cer­taine et vague fier­té latente et maî­tri­sée. Ain­si libé­ré, sous la tutelle atten­tion­née de son tuteur, son éclo­sion est remar­quée et rapide. Au fait, d’une cer­taine façon il récu­père à grands pas son his­toire agi­tée. Des pas tel­le­ment grands qu’avant même l’âge des pre­miers signes de viri­li­té notre héros finit brillam­ment le cur­sus secon­daire. À pré­sent, un ave­nir radieux se dresse devant lui.

Treize ans révo­lus et c’est un gar­çon ché­tif, un peu per­du, qui fait grin­cer péni­ble­ment la colos­sale porte bicen­te­naire en chêne ouvra­gé de l’Institut Tech­nique Civil. Il veut deve­nir ingé­nieur méca­ni­cien. Il veut construire des avions. Et peut-être même des trains. De vrais. Et il veut aus­si réa­li­ser des outillages et machines pour construire des pièces dont sont faits les avions et les trains. Et peut-être de vrais bateaux. Et des machines qui fabriquent ces machines. Alors on l’ausculte: il est trop jeune. Mais son par­cours et ses réfé­rences inter­pellent sans appel: à l’évidence il s’agit d’un cas par­ti­cu­lier, voire d’un phé­no­mène, et Félix rentre à l’institut.

De loin plus jeune étu­diant de l’établissement, il ment sur son vrai âge, tou­te­fois son appa­rence ne ment pas. À peine réus­sit-il à sur­mon­ter son pas­sé com­pli­qué avec l’appui gra­cieux, pré­cieux et géné­reux de m’sieur da Sil­va, le voi­ci deve­nu la risée injuste de cette ins­ti­tu­tion de légende. En effet, com­ment, cadet can­dide et novice, gérer cor­rec­te­ment un quo­tient à 140, du haut de ses 140 cm, sous 40 kilos avant déjeu­ner, et sans un poil sous les ais­selles, au milieu d’une arma­da de jolies jeunes femmes et de forts jeunes hommes qui for­niquent déjà, sou­vent en ville ? ‘Rira bien qui rira le der­nier se dit-il’ et se met au tra­vail comme jamais auparavant.

Une école reste cepen­dant une école avant tout, d’autant plus lorsqu’il s’agit d’un temple de l’enseignement tel que l’ITC. Dans un tel creu­set, for­mer les étudiant(e)s à l’ultime per­fec­tion passe avant tous autres consi­dé­rants. Puisse-t-il s’agir de filles à barbe, de nains à bosse ou d’orphelins (spon­so­ri­sés), hono­rées sont juste les res­sources (intel­lec­tuelles) et la pas­sion. Le frêle Félix se voit dès lors immer­gé dans son élé­ment. Et cela paye: une sco­la­ri­té de cinq ans, il la com­prime en deux, qui plus est Sum­ma Cum Laude. En dépit du dépit de ses col­lègues, il devient la fier­té de l’école, est por­té de col­loques en concours et récolte des lau­riers partout.

Entre temps, il gagne aus­si en neu­rones, taille, poids et poils. Remise des diplômes: sur le préau orné, le voi­là donc à seize ans non révo­lus, fier, radieux, svelte, droit, robuste. Dans un silence cryp­tal, il ouvre le céré­mo­nial, s’avançant droit et de pas ferme vers une pré­si­dente du col­lège aca­dé­mique sou­rire humide qui – toute exci­tée – lui décerne le fruit de son tra­vail. Le baise-mains sobre et déli­cat mouille les genoux de la dame et fend le cœur de sa fille, assise au rang cen­tral. Disons que sans le savoir, Félix est depuis des mois dans l’œil et de la pre­mière et de la der­nière, qui est sa col­lègue. À pré­sent, un ave­nir radieux se des­sine devant lui.

[Bâti sur un pic qui jaillit de l’océan au milieu des nuages, l’Institut Tech­nique Civil – l’Académie Civile pour cer­tains – se dit aus­si Le Nid des Aigles. Le rocher est un repaire âpre­ment reven­di­qué autant par les aigles bar­bus – Haliæe­tus albi­cil­la, les rois des mers et princes des prés – que par les grands alba­tros hur­leurs – Dio­me­dea exu­lans, rois des mers seule­ment. Les accro­chages entre ces guer­riers de l’espace sont fré­quents, les va-et-vient éga­le­ment: en effet, les oisillons doivent être nour­ris sans cesse et la réserve de chasse se trouve ailleurs. Il n’est ain­si pas rare de les voir sur­veiller en vol cir­cu­laire, à très grande hau­teur, au des­sus des édi­fices, comme c’est le cas en ce jour enso­leillé de belle célébration.]

La cou­pure

Un regard fur­tif au tré­sor ser­ré contre sa poi­trine, cinq courtes révé­rences vers chaque membre ravi du direc­toire sco­laire, une rota­tion de 180°, une longue incli­na­tion com­plice vers le par­terre de col­lègues désap­poin­tés et enfin le retour de pas ferme droit à sa place. Qu’il n’atteint pas. Son tra­jet coupe celui en piqué d’une énorme fiente lâchée par les intes­tins d’un de ces géants des airs à l’instant où notre jeune diplô­mé quitte la tri­bune. À son insu, la coiffe noire stoppe court la chute d’une bombe puante faite d’à peu près 340 grammes de déjec­tion, lâchée envi­ron 102 mètres au des­sus pour s’abattre à quelque 161 km/h. Le temps stoppe aussi.

Le vacarme infer­nal déclen­ché par cet impact fusionne avec le silence cryp­tal, ali­men­té lui par le choc visuel. Ce qui résulte est une hys­té­rie géné­ra­li­sée. Pour la vic­time c’est le dégoût extrême. L’intolérance aiguë à l’acide urique, à l’ammoniaque et sur­tout à la strep­to­my­ce­ta­ceae lui font perdre connais­sance sur le coup. Il s’écroule sec. Les ensei­gnants se vola­ti­lisent illi­co dans la déroute, à l’image des étu­diants, sauf des plus cyniques qui ova­tionnent en ouvrant des bières béats de rire. Oublié de tous, anéan­ti, écra­sé, bles­sé, Félix Dous­sett aurait pu suc­com­ber asphyxié hic et nunc si la fille de la pré­si­dente du col­lège aca­dé­mique n’avait pas été là.

C’est Yvonne. Oltent. Sa mère l’appelle Yvy. Son père l’appelait Gigi, étant mort. Yvy est donc orphe­line mais riche d’un héri­tage consi­dé­rable qu’elle par­ta­ge­ra avec sa maman à sa matu­ri­té. Fi de la nau­sée et du dan­ger, elle accourt, tire une lourde chaise encore debout, sou­lève le jeune homme à grande peine et l’assoit à grand effort. Assom­mé, lui penche pour retom­ber, alors déses­pé­rée et aus­si sale qu’il est, Yvy arrache son pash­mi­na tur­quoise et attache au dos­sier le mar­tyre knock-out. Pas une âme qui res­pire autour, à part – au des­sus – un vau­tour en rage, trom­pé par sa cible. C’est très beau, puisque de cette grande détresse naît un grand amour.

Jamais n’avais son­gé Yvy oser l’approcher. Jamais n’avait-elle osé faire part de ses sou­pirs à sa mère. Jamais n’avait sa mère osé ima­gi­ner sa fille oser l’approcher. Jamais n’avait-elle osé confier ses sou­pirs à sa fille. Jamais n’avait Yvy osé son­ger que sa mère ose­rait nour­rir ces vœux. Jamais sa mère n’aurait-elle son­gé oser pen­ser ce que sa fille ose­rait pen­ser d’elle. Jamais n’aurait-il osé son­ger être si près de l’apothéose aca­dé­mique, de sa propre mort pré­coce et atroce et d’une fille si belle et si pro­met­teuse – à tout le moins finan­ciè­re­ment. Mais flot­tant au milieu de mille étoiles poly­chromes, dans son semi-coma Félix ne sau­rait son­ger à rien.

Yvy est comme seule au monde. Le visage de Félix est si près, si serein, si beau… En fait, juste ce qui se voit. Ses traits fins à peine se devinent sous la masse nau­séa­bonde qui dégou­line len­te­ment. Le besoin violent de vomir domine, pour­tant à 23 cm de dis­tance c’est la magie de sa figure qui l’emporte. Il est enfin à sa por­tée. À sa dis­cré­tion, même. ‘Allez, rien qu’une fois, Yvy’, susurre-t-elle, et de son mou­choir blanc en batiste net­toie déli­ca­te­ment la zone qui l’intéresse, pour lui appo­ser une bisette en vitesse sans pen­ser aux suites. Son cœur bat la fan­fare; elle se lève vite pour s’enfuir vite, puis s’arrête hor­ri­fiée: le pan­ta­lon de Félix pompe le sang.

Tran­si, ser­rant fort son diplôme deve­nu tor­chon, il se réveille subi­to comme La Belle au Bois Dor­mant, puis vomit illi­co. Cela se com­plique évi­dem­ment, les suites étant sans sur­prise là. D’une part, Yvy s’affole, libère le lau­réat, le relève (lui qui se déhanche) et le fait gagner l’infirmerie. D’autre part Yvy n’étant clai­re­ment pas seule au monde, sa mère, qui a tout obser­vé par le judas de la salle où elle s’est retran­chée, s’effondre. Enfin, un acteur tiers de cet épi­sode, néfaste et net­te­ment plus jeune que cette mère, qui a tout obser­vé par l’imposte du wc où, retran­ché, il fume, ful­mine. Pour autant, un ave­nir radieux est tou­jours lié au des­tin de Félix.

L’acteur est Mor­gand Kri­cken, sou­pi­rant voi­lé d’Yvy comme elle est de Félix. À l’opposé de la fille qui n’est que rêve­rie, bon­té, dou­ceur et beau­té, lui est laid, aigre, fruste et sur­tout vil. Il boit par der­rière, fume pr der­rière et fait des choses par der­rière. Ce n’est que grâce à la dupli­ci­té du doyen et aux pots-de-vin de sa famille qu’il reste encore dans l’école. En effet, pas­ser le cap de la pre­mière année ne lui réus­sit guère. Le mal entraî­nant le mal, à force d’alcools, de ciga­rettes et de blagues ineptes, en revanche il réus­sit à bâtir autour toute une équipe de cancres, plus abru­ti l’un que l’autre. Ils sont les cyniques accla­mant le récent incident.

[Dans toute his­toire d’action et notam­ment d’amour telle que celle-ci, à un cer­tain moment don­né du récit vient inévi­ta­ble­ment une sorte de bou­le­ver­se­ment angu­laire qui déclenche un dérou­le­ment dif­fé­rent, où le cours bas­cule et où plus rien n’est comme avant, le rythme se casse, les séquences changent, l’intrigue s’accélère, la direc­tion se perd, une espèce de pous­sée appa­raît, le volet dra­ma­tique s’amplifie, la dyna­mique prend des à-coups, les revi­re­ments s’entassent, les impré­vus prennent le des­sus, les situa­tions s’entrechoquent, les contra­rié­tés se suivent, les pro­blèmes déferlent et le doute s’installe. Eh bien, il faut admettre que pour Félix Dous­sett et son l’histoire, ce temps n’est pas venu. Pas encore du moins.]

[…]

[26 octobre 2021]

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