L’ŒIL et le SABRE (8/15)

Catégorie: Fiction
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Un agen­da unique en son genre

Au fond du local passent sur un grand écran les der­niers exploits de l’ŒIL. Dif­fi­cile de ne pas regar­der, heu­reu­se­ment les bois­sons arrivent, on se désal­tère un peu. ∞8 étale point par point toute l’affaire. À mesure que le faux Sán­chez com­mence à sai­sir ses tenants et abou­tis­sants, son teint s’essaie à toutes les nuances de l’arc-en-ciel, plus le gris. En fin d’exposé, après une autre tour­née où le Tequi­la sec rem­place l’eau, il est blanc. «Je vois, et vous devez sûre­ment être du SABRE.» Pas de réac­tion. «Ce que vous me deman­dez est très com­pli­qué, est… c’est… je dirais exclu. Il est vrai… K… donc votre père (il regarde Moon­na)… K… lui il me doit une fière chan­delle, cela remonte à… je me sou­viens plus… enfin… c’est une his­toire dont je veux même pas me sou­ve­nir… ça ne sert plus à rien… vous savez? des putains d’histoires de bonnes femmes, comme sou­vent… bah… et puis l’ami Ross, lui, la meilleure c’est que lui aus­si… lui il a une grosse ardoise envers moi, mais bon, les choses ont évo­lué ain­si, on s’est sépa­rés après la guerre, cha­cun son truc, quoi?» Sou­dain, il sur­saute: «Et vous dites que ça bou­geait en des­sus, à l’étage?… Oh, quelle hor­reur… quelle hor­reur… ma pauvre…» Il se tait un moment. «Le pro­blème… pour­quoi je dis que c’est exclu? Le pro­blème est que ce Schabble est un ban­dit de pre­mière classe…» Regard rapide autour. «Pour­tant je ne l’ai pas croi­sé sou­vent!» s’amuse l’espion. «…il me tient en joue depuis je ne sais plus quand, j’ai fait une fois une conne­rie, enfin, qu’importe, ce salaud était là au mau­vais moment… pour moi!» Il sou­rit, amer. «Même là, ce cirque de char­lots à plumes, vous croyez que j’y étais parce qu’à mon âge je m’intéresse aux caches-sexe Swa­rovs­ki?» «Aloïs, fai­sons court. Schabble, on va s’en occu­per, cool, c’est pas ma prio­ri­té. Ma prio­ri­té est à pré­sent de sor­tir Ross de son wagon du désert, le plon­ger sous l’eau, lui faire ser­rer la main à K pour les voir col­la­bo­rer. Vite. Ça fait beau­coup et le temps presse. Pour ça, tu dois te concen­trer, m’avancer quelque chose.» «Mais oui, je sais bien… j’ai com­pris… sais pas… bon…» Il se penche vers l’acteur. «…il y aurait une sol…» Pan! La vitrine éclate, la cla­vi­cule du Sán­chez aus­si. Il tombe à la ren­verse sur le damier de marbre. C’est le délire dans le salon, les femmes crient, les hommes hurlent, on se fiche au sol, les tables fauchent les chaises, les assiettes pètent, les bois­sons giclent, quelqu’un gueule «La luce, la luce!»1 et pan! une seconde balle se loge dans le bois de la table à côté, mais le bles­sé est à l’abri der­rière un amas de meubles. Per­sonne d’autre n’est tou­ché; un peu de sang par ci par là sur un lit d’objets divers, de bois cas­sé, d’éclats, de man­geaille et de liqueurs. La den­ture de Moon­na claque comme une machine à écrire. ∞8 est déjà dehors.

(Ah, j’étais sûr, j’étais sûr, putain de bor­del, mais quel imbé­cile, j’aurais dû…”) Une arme et un sac jetés sur le trot­toir. Il accé­lère. Par des­sus les têtes des gens il aper­çoit l’individu, un grin­ga­let chauve, démarche nor­male si ce n’était un bref coup d’œil en arrière, sans rai­son appa­rente, ce qui le fait décol­ler et fau­cher les gens style mois­son­neuse-bat­teuse, et juste après avoir cou­ché toute une récolte de pas­sants, il s’écroule sec en plein milieu comme frap­pé par la foudre. «Merde!» Conster­na­tion dans la rue. Les gens autour reculent, parlent, ges­ti­culent, s’excitent, se contre­disent. L’acteur s’accroupit, bran­dit un badge quel­conque,  fouille l’individu qui bave et convulse. (“Soman…2 Merde!”) L’on s’affaire. «Ambu­lance, quelqu’un appelle une ambu­lance!» «Un doc­teur, vite un doc­teur!» L’homme est raide. La fouille est vaine. Lui dégage.

À l’intérieur du café, les choses reprennent péni­ble­ment leurs cours, mais la clien­tèle a évi­dem­ment quit­té les lieux. Il ne reste qu’une poi­gnée d’aguerris. Le patron offre la tour­née. Le per­son­nel est au labour. Encore cho­qué, Aloïs se remet. Un doc­teur de pas­sage le soigne sur place avec les moyens du bord. Par chance, la balle avait rico­ché, ce qui ne l’a pas empê­ché de cas­ser l’os, et l’endroit fait évi­dem­ment très mal. Plaie net­toyée et pan­se­ment ter­mi­né, ils rentrent à l’hôtel. Il y a bien assez de moyens au Prince of Wales pour loger roya­le­ment une troi­sième per­sonne sans trop s’encombrer, néan­moins ∞8 choi­sit de pas­ser la nuit sur un cana­pé, regard rivé sur le bles­sé qui, lui, à peine allon­gé, rejoint le som­meil du juste.

Au matin, en meilleure forme, celui-ci pour­suit son idée devant le somp­tueux pla­teau gar­ni bien posé sur le duvet bleu ber­mu­da. Entre crois­sants frais du four, œuf à la coque et oranges pres­sées, son par­ler est hési­tant, il cherche ses mots, tout en essayant de cacher ses dou­leurs. La stra­té­gie qu’il voit semble maigre. Sa seule qua­li­té est qu’elle existe et, après réflexion, il n’y a visi­ble­ment rien de mieux à lui oppo­ser. Petit déjeu­ner consom­mé, Aloïs retourne à son repos. Moon­na n’entend pas lais­ser pas­ser une si belle occa­sion de tes­ter la gamme de par­fums et pom­mades à dis­po­si­tion, alors elle prend son temps dans la salle de bains. C’est donc le bon moment pour allu­mer un Chur­chill et faire un point com­plet avec le Ser­vice. Il se retire et ferme la porte.

Les nou­velles sont mélan­gées. Les pro­grammes avancent plu­tôt bien. Les échanges de Ross avec l’antenne d’Adélaïde et retour fonc­tionnent à plein régime, l’homme est à nou­veau moti­vé. Théo­ri­que­ment, à ce rythme il pour­rait rejoindre le gros de l’effectif sous les qua­rante-huit heures pour par­ti­ci­per à la fina­li­sa­tion de l’entraînement. Théo­ri­que­ment. Au large du Finis­tère, les efforts conjoints de la cel­lule d’action et des onze de Mon­go­lie payent aus­si, le dou­zième et – mal­heu­reu­se­ment – seul vrai spé­cia­liste en bio­lo­gie nucléaire ayant dû être éva­cué et hos­pi­ta­li­sé d’urgence à Quim­per dans un état cri­tique pour cause de pan­créa­tite aiguë. Des sous-plans déri­vés B et C existent, de telle manière que son absence ne péri­clite ni l’entraînement, ni la pré­pa­ra­tion du pro­gramme. En revanche, par une fuite étrange res­tée inex­pli­quée, l’équipe de K, et K en pre­mier, com­mence à se dou­ter que la pré­sence de Ross est immi­nente. Comme il semble impos­sible d’arracher à ces gens le moindre élé­ment sur l’origine de la fuite, le per­son­nel du Ser­vice s’emploie à noyer le pois­son (c’est le cas de le dire) dans un nuage de conjec­tures. À son tour, ∞8 pré­sente par le détail son séjour lon­do­nien (en pas­sant bien sûr outre l’épisode Schabble) et la stra­té­gie envi­sa­gée. À l’autre bout, l’enthousiasme ne déborde pas, cela s’entend. Lui, il y croit. O le sou­tient. Sou­dain, une hur­lée d’horreur coupe l’entretien. Il se pré­ci­pite dans la chambre à cou­cher. Au milieu de la pièce, Moon­na vient de finir sa toi­lette. Sur le duvet gît Aloïs, la bouche grande ouverte, comme les yeux, comme la fenêtre à côte du lit. Vite, le pouls est zéro, cer­tai­ne­ment arrêt car­diaque. Coup d’œil dehors, en bas, en haut, à droite, à gauche… si, à droite, vers le bas, sur la ter­rasse voi­sine, une sil­houette s’accroche à un câble lan­cé depuis un héli­co­ptère qui vient d’arriver, qui l’arrache et qui prend son élan. Il est déjà trop loin, pas pour sa vision, mais pour la por­tée de son Glock. L’envie lui prend sou­dain de le tour­ner contre lui-même, tel­le­ment il est frap­pé par la rage de l’impuissance.

Le télé­phone sonne, sonne, sonne. Ah, c’est celui de Moon­na. Reve­nue à elle, un col­lègue du CERN lui verse un tor­rent dans l’oreille: le centre vient d’être occu­pé par les uni­tés blanches de l’ŒIL, il n’y a pas eu de vic­times, quelques bles­sés, lui a pu s’extirper par une gaine de ven­ti­la­tion, il est plein de bleus et de grif­fures, heu­reu­se­ment il n’y avait plus qu’une poi­gnée d’éléments-clé mais quand même, ah oui, et puis le centre de Los Ala­mos est aus­si tom­bé deux jours en arrière dans les… Il rac­croche. Elle s’écroule à plat ventre sur le lit.

La seconde fouille en douze heures est fruc­tueuse. Dans la poche inté­rieure de sa veste, un petit car­net de notes, épais, ouvert et referme mille fois, rem­pli d’une écri­ture minus­cule, au début régu­lière, rigou­reuse. Avec les pages, elle devient de plus en plus débri­dée, hâtive, bâclée. C’est un aide-mémoire, un agen­da, une nar­ra­tion, un guide, un compte-ren­du, un calen­drier, un com­pen­dium, c’est tout ça à la fois. C’est en alle­mand, espa­gnol, russe, anglais, fran­çais, plus des codes inin­tel­li­gibles. Il y a des dates dans un ordre chro­no­lo­gique strict. Sur­tout il y a des noms, et aus­si des cro­quis, des­sins, col­lages, pho­tos. Il brasse soi­gneu­se­ment les pages comme un paquet de cartes de jeu. «Il me faut abso­lu­ment remettre un peu mes idées en place» arti­cule-t-il mono­tone. Une heure qua­rante plus tard les deux sont de nou­veau à l’aéroport et qua­rante minutes après ils s’envolent.

Mais qui est cet Anto­nio Sánchez?!

Le temps du tra­jet, ∞8 change visi­ble­ment. Non seule­ment qu’il n’est pas bavard de nature, mais là il ne sort presque pas un mot, puisqu’il ne sort presque pas les yeux du car­net. Par moments il s’arrête, regard per­du, inerte, revient en arrière, hoche la tête, puis reprend. C’est vrai qu’une impor­tante dose de fan­tai­sie est indis­pen­sable pour gober ce caphar­naüm écrit, tel­le­ment c’est au delà du croyable. Si pra­ti­que­ment chaque men­tion et date ne col­lait pas rigou­reu­se­ment à la réa­li­té des évé­ne­ments pas­sés, l’on pour­rait se dire qu’il s’agit d’un schi­zo­phrène par­ti­cu­liè­re­ment créa­tif qui occupe son temps et son éner­gie à débi­ter des scé­na­rios miro­bo­lants. Bref survol.

La pre­mière note est du 13 avril 1953. Elle est auto­bio­gra­phique. Aloïs se dit fils de Gün­ther et de Calis­ta. À l’âge de 14 ans il est coop­té pour quelques semaines aux jeu­nesses hit­lé­riennes. Le père, ancien Stan­dar­tenfüh­rer3 de l’Abwehr,4 est dépor­té par les sovié­tiques à Vor­kout­lag,5 près du cercle polaire, en marge de la Sibé­rie. Il meurt pro­ba­ble­ment vers la fin des années ‘50. La mère, une natio­na­liste espa­gnole née Sal­ga­do, femme au foyer, est empor­tée par la variole en 1946. En 1949 il s’inscrit à l’école de métiers de Vienne. Suivent des pages avec des esquisses: moteurs, dia­grammes, quelques por­traits et cari­ca­tures: l’homme avait du talent. Le 8 avril 1957 il revient avec un résu­mé: juin 1953, il par­ti­cipe au sou­lè­ve­ment de Ber­lin; jan­vier 1954, il est à Mexi­co pour deve­nir Anto­nio Sán­chez (il écrit ‘j’avais 22 ans mais déjà tel­le­ment marre de traî­ner après moi un nom plus dan­ge­reux qu’une rou­lette russe’) et aus­si pour se marier; novembre 1956, il fuit l’insurrection hon­groise. Quelques pages manquent après, de sorte qu’il passe direc­te­ment à 1959 lorsqu’il conspue Khroucht­chev à New York. Durant été et automne 1962, il est à Port-au-Prince d’où il est bien pla­cé pour suivre la crise de Cuba.6

Puis le 5 octobre 1962 il écrit d’une main ner­veuse: ‘Aujourd’hui c’est le grand jour. -odl–, -c—bl- (les noms sont grat­tés, mal) et moi nous allons enfin réa­li­ser ce à –oi nou- –vrons depuis bie–ôt dix ans: nous met­tons les bases de la —-été Auto—- — —age et de —sai­gne­ments —-rieurs. D’abord nous nous ré—sso-s les trois, pour prê­ter ser­ment de fidé­li­té, enga­ge­ment et cou­rage. Le tout sans limites. Les temps l’exigent. Nous allons faire cela sol–nel–me–, comme les Suiss-s à l’époque.7 Ensuite nous nous ren­drons à la -all- de -ch—id– et nous allons signer le pacte devant tous les com­pa­gnons. Je suis fier que mes col—ues et frères ont accep­té de nom­mer l’organisation en sou­ve­nir et en hon­neur de mon père.’ (“Quoi?!?!”) Il relit. ‘…la —-été Auto—- — —age et de —sai­gne­ments —-rieurs.’ Serait-ce…‘ …nous met­tons les bases de la Socié­té Auto­nome de Blo­cage et de Ren­sei­gne­ments Exté­rieurs. D’abord nous …’? (“Impos­sible! Eh oui, SABRE8!!! In-cro-ya-ble!!!”) Aloïs serait-il, plu­tôt aurait-il été, le fon­da­teur de l’organisation qui l’emploie? Mais après tout, la ‹ Socié­té Auto­nome de Blo­cage et de Ren­sei­gne­ments Exté­rieurs › (si c’est bien ça) n’est peut-être pas le ‹ Ser­vice Ano­nyme de Brouillage, de Recon­nais­sance et d’Espionnage ›! Il com­mence à dévo­rer les pages. 

À peine trois semaines plus tard, la crise cubaine est réso­lue sur inter­ven­tion secrète de la ‹Socié­té›. Treize mois après, Ken­ne­dy est assas­si­né. C’est un de ses plus gros fias­cos, elle n’est pas encore bien rodée. Rema­nie­ment, dis­grâce, pas­sage à vide et aus­si période de recru­te­ment et de ren­for­ce­ment. Le rachat vient en juillet 1965, lorsque l’attentat contre de Gaulle est déjoué. Désor­mais, les actions se relayent avec des résul­tats divers. Poin­tage: 1967 Che Gue­var­ra9 en Boli­vie, 1968 Dubček10 à Prague, 1970 Sala­zar11 au Por­tu­gal, 1972 Bloo­dy Sun­day12 en Irlande du Nord, 1973 Pino­chet13 au Chi­li, 1974 le Water­gate de Nixon14, 1975 chute de Saï­gon,15 1976 Sowe­to16 en Afrique du Sud, 1978 Jean-Paul II pape polo­nais, 1980 réfé­ren­dum pour la sou­ve­rai­ne­té du Qué­bec cana­dien. La suite, évi­dem­ment ∞8 la connaît trop bien.

En marge des récits, agré­men­tés par endroits de ratures, cro­quis, signes, ren­vois et autres marques, il y a des notes ver­ti­cales, ou même tête en bas. On lit: ‘19 Dez. 1977 Phnom Penh – Schwar­zer Tag. Nichts und nie­mand kann -la-s N-dlon erset­zen. Wir sind ver­waist, ein aus­ser­gewöhn­li­cher Bru­der ist von uns gegan­gen. Es ist unge­recht. Unser Bedauern wird ewig sein, aber wir wer­den stär­ker sein als der Tod.17 ‘ Et plus loin: ‘22 janv. 1979 -ux—o–g: J’étais pas convain­cu, seule­ment je n’ai pu inver­ser le trend. Et je veux pas m’imposer, alors la ‹Socié­té› est morte, vive le ‹ Ser­vice Ano­nyme de Brouillage, de Recon­nais­sance et d’Espionnage ›, alias le ‹ Ser­vice ›! Mais je suis content d’avoir pu gar­der la mémoire de père.’ (“Boum! C’est donc ça. Mon chef suprême, que je connais­sais même pas, est bête­ment mort ce matin sous mes yeux d’imbécile…”) C’en est un peu trop. Il tourne dis­trai­te­ment les pages. À côté, ber­cée par le ron­ron des réac­teurs, Moon­na entre dans la der­nière phase, para­doxale, du sommeil.

…juillet 1979… ne peut pas durer indé­fi­ni­ment… déjà quatre acteurs… aucune expli­ca­tion qui… ‘ puis plus loin ‘… bre 1979… convo­quer la réunion de tous… démon­trer noir sur bl…’ et une note en carac­tères gras, sou­li­gnée: ‘S—-b— a tra­hi. Éli­mi­ner.’ Un petit vide d’air le fait sur­sau­ter. (“-c—bl-? S—-b—? Ce ne serait pas… Sc–bbl-? Schabble?! Quoi?! Schabble… membre fon­da­teur du SABRE?! Non mais… y a-t-il une limite?! “) Pour­tant il doit admettre qu’en ajou­tant ces invrai­sem­blables décou­vertes aux diverses autres obser­va­tions de ces der­nières années com­mence par payer, avoir un cer­tain sens. Un puzzle – sinistre, il est vrai – prend forme sous ses yeux qui… se ferment len­te­ment. Un espion, fut-il pre­mière classe, finit aus­si de temps en temps par devoir se reposer.

Pas long­temps. Un autre vide d’air. Il reprend fébri­le­ment sa lec­ture dans tous les sens. Page 83: tout s’explique. Schabble n’est qu’une sale taupe. Tant de pertes par­mi les acteurs lui seraient impu­tables. Ce n’est que par des com­plices qu’il peut res­ter accro­ché à son poste. Et par du chan­tage. Tiens, une note. ‘…et je lui parle de mon idée mais lui c’est non et non… c’est doc­teur non… et la des­cente… Gaza… per­sonne sauf lui…’ Il avale les pages comme des caca­huètes. ‘…pour­quoi en faire… cha­rogne…’ L’écriture est appuyée, débri­dée, comme s’il écri­vait avec un clou. Par­tout des taches d’encre, de sueur, de sale­té, des mots effa­cés. Page 85: ‘16 mai 1980 (“Ha! Quatre mois avant mon admis­sion!”)… Adieu ‹ Ser­vice ›! Adieu mon bébé! It’s a wild world out there. A world of wolves and for the wolves.18 Tiens, page sui­vante: ‘…semble qu’ils ont reç… lémen… ption­nel… onde’ Il sou­rit. Puis: ‘Alfred S.19 m’accueille à bras ouverts. Au moins ça. Père, où que tu sois, accepte mon salut.’ Page 91: ‘…ça devient inte­nable… marier une zapo­thèque20… ‘ Et encore: ‘9 juin 1984: Ce soir je vois Kamil. Il est anéan­ti. L’imbécile… sœur de sa femme… vieux satyre… sa propre belle sœur… Que veut-il?’ Une cari­ca­ture sug­ges­tive, et deux pages après: ‘On voit main­te­nant à quoi sert la diplo­ma­tie en pri­vé! Ha-ha-ha!’ ‘28 avril 1985: Je ne com­prends pas… W—– jure… non plus… inex­pli­cable… …botage?!’ Col­lé, un petit décou­page du cham­pi­gnon ato­mique de Biki­ni sur lequel il a écrit ‘hor­reur’. Page 98: ‘…encore… com­ment est-q… réus­sit? Pauvre Ross! Je vais voir.’ Page 99: ‘Bon, si ça con… pour toute la vie… …ais à quoi ser­vi­rait un ami?’ Deux pages manquent. ‘…tement ce qui me man­quait main­te­nant! Et …mil, qui est blin… …x as, lui il… Quel sal…’ Allez, un der­nier effort: ‘3… …let 1987: Vic­toire! Vive le d i v o r c e! End­lich!21’ ∞8 bas­cule son fau­teuil et en moins d’une minute rejoint Moon­na au pays des rêves.

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Col­lé, un petit décou­page du cham­pi­gnon ato­mique de Biki­ni sur lequel il a écrit ‘hor­reur’. Page 98: ‘…encore… com­ment est-q… réus­sit? Pauvre Ross! Je vais voir.’ Page 99: ‘Bon, si ça con… pour toute la vie… …ais à quoi ser­vi­rait un ami?’ Deux pages manquent. ‘…tement ce qui me man­quait main­te­nant! Et …mil, qui est blin… …x as, lui il… Quel sal…’ Allez, un der­nier effort: ‘3… …let 1987: Vic­toire! Vive le d i v o r c e! End­lich!22’ ∞8 bas­cule son fau­teuil et en moins d’une minute rejoint Moon­na au pays des rêves.

  1. «La lumière, la lumière!» (it.)
  2. Violent gaz neu­ro­toxique dont l’effet mor­tel est presque ins­tan­ta­né après absorp­tion par voie orale à l’état liquide.
  3. Colo­nel (all.)
  4. Ser­vice de ren­sei­gne­ment de l’état-major alle­mand de 1921 à 1945.
  5. Com­plexe de camps de tra­vail du Gou­lag fonc­tion­nant de 1932 à 1962 près de la ville minière de Vor­kou­ta, dans le Grand Nord sovié­tique, et sur­nom­mé “la guillo­tine glacée”.
  6. Suite d’événements sur­ve­nus en octobre 1962 et oppo­sant les États-Unis et l’Union sovié­tique à cause des mis­siles nucléaires sovié­tiques visant les États-Unis depuis l’île de Cuba.
  7. Pro­ba­ble­ment réfé­rence au ser­ment du Grüt­li, cen­sé avoir eu lieu en 1307, mythe fon­da­teur de la Suisse, dont la pre­mière trace écrite se trouve dans le livre blanc de Sar­nen datant d’environ 1470. Ce mythe est sou­vent asso­cié au pacte fédé­ral d’alliance per­pé­tuelle de 1291 entre les com­mu­nau­tés de Uri, Schwytz et Unter­wald. L’événement ras­sem­bla sur la prai­rie du même nom les hommes libres de ces trois val­lées, repré­sen­tés par les trois confé­dé­rés Arnold de Melch­tal, Wal­ter Fürst et Wer­ner Stauf­fa­cher. Cet accord entre les trois com­mu­nau­tés est consi­dé­ré depuis le XIXe siècle comme l’acte fon­da­teur de la Confé­dé­ra­tion suisse.
  8. Schwert signi­fie épée en Allemand.
  9. Ernes­to Rafael “Che” Gue­va­ra (1928 – 1967), révo­lu­tion­naire argen­tin tué en Bolivie.
  10. Alexan­der Dubček (1921 – 1992), pre­mier secré­taire du Par­ti com­mu­niste tché­co­slo­vaque durant les évé­ne­ments de 1968 dans son pays.
  11. Antó­nio de Oli­vei­ra Sala­zar (1889 – 1970), homme d’État por­tu­gais, pré­sident du Conseil des ministres de 1932 à 1968.
  12. Tue­rie sur­ve­nue le dimanche 30 jan­vier 1972 à Der­ry, dans laquelle vingt-sept mani­fes­tants paci­fistes des droits civils et pas­sants ont été pris pour cible par des sol­dats de l’armée britannique.
  13. Augus­to José Ramón Pino­chet Ugarte (1915 – 2006), géné­ral, homme d’État chi­lien, diri­geant du coup d’État de sep­tembre 1973, pré­sident du Chi­li (1974 – 1990).
  14. Affaire d’espionnage poli­tique qui abou­tit en 1974 à la démis­sion de Richard Nixon, alors pré­sident des États-Unis.
  15. Le 30 avril, mar­quant en même temps la fin effec­tive de la guerre du Viêt Nam.
  16. À l’occasion de mani­fes­ta­tions mas­sives sol­dées avec la mort de 23 personnes.
  17. Jour noir. Rien et per­sonne ne peut rem­pla­cer -la-s N-dlon. Nous sommes orphe­lins d’un frère d’exception. C’est injuste. Nos regrets seront éter­nels mais nous serons plus forts que la mort.(all.)
  18. C’est un monde sau­vage là-bas. Un monde de loups et pour les loups. (ang.)
  19. Alfre­do Stroess­ner, pré­sident (1954 – 1989) de la Répu­blique du Paraguay.
  20. Vieille popu­la­tion indi­gène pré­sente prin­ci­pa­le­ment au sud du Mexique.
  21. Enfin! (all.)
  22. Enfin! (all.)
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